Le fil entre les générations de l'immigration n'est pas rompu. La preuve, c'est que c'est une jeune artiste, Rhavia Tahardji, fille d'immigré qui propose un retour aux sources avec un spectacle exceptionnel qu'elle animera le 15 avril à Nancy. Artiste engagée, ce concert n'est pas naïf puisqu'il s'agit d'un hommage aux chants d'exil, un autre contexte qu'elle tire de l'histoire pour dire son mot sur le débat de l'immigration qui fait rage en France. Elle est d'origine algérienne mais elle rend hommage à travers ce rendez-vous à tous les vieux migrants d'Afrique du Nord résidant dans les foyers Sonacotra et les appartements sociaux de Meurthe-et- Moselle. Cette initiative artistique est inspirée d'un livre édité en 2006 par le conseil général de Meurthe-et-Moselle qui retrace la vie des travailleurs algériens, tunisiens et marocains qui, pour des raisons économiques, ont quitté leur terre natale et contribué activement à la reconstruction de la France. Au-delà de sa dimension musicale, le spectacle qui sera réalisé et joué à l'Eglise Saint-Léon de Nancy est dédié à ces travailleurs tous âgés aujourd'hui, certains, malades, et souvent meurtris et isolés par la distance qui les sépare de leurs pays d'origine. L'évènement artistique a été conçu pour "rendre orales des histoires de vie authentiques sous forme de spectacle unique en son genre, un livre qu'ils n'ont pu lire, car illettrés pour la plupart d'entre eux", précisent ses organisateurs. Ce projet humaniste met ainsi l'accent sur le parcours difficile de ces vieux migrants, vécu dans la plus grande des solitudes, en s'appuyant sur des témoignages émouvants. Orgue, percussions, violons, guitares électriques et chants sont réunis dans ce spectacle dirigé par Rhavia et rassemblant des musiciens aux croyances différentes, contribuant ainsi au dialogue entre les peuples. "Ce grand rendez-vous artistique célébrera les droits de l'homme des citoyens d'Afrique du Nord et rappellera aux autres générations les parcours exemplaires de leurs aïeux qui n'ont jamais baissé les bras et toujours retroussé les manches pour manger, vivre et nourrir ceux qui sont restés de l'autre côté", souligne l'association Slam Attitude, organisatrice du spectacle. Rhavia Tahardji est une jeune poète, chanteuse interprète, écrivaine et musicienne dont le père est arrivé en France en 1948, pour subvenir aux besoins de sa famille restée en Algérie. Elle est la fondatrice de l'association Slam Attitude, qui se bat pour l'égalité des droits de l'homme et pour la citoyenneté. Une fête en somme de mémoire et aussi humaine.