Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a développé, hier, devant les chefs de missions diplomatiques et les représentants des organisations internationales accréditées à Alger, les grandes lignes contenues dans le discours adressé récemment à la Nation par le président Abdelaziz Bouteflika, ainsi que la position officielle de l'Algérie sur les principaux dossiers internationaux de l'heure. Au cours de cette réunion d'information et d'échanges de vues sur les questions d'actualité nationale et internationale, tenue à la résidence El Mithak, le chef de la diplomatie a éclairci les objectifs et enjeux de l'ambitieux programme de changements institutionnels de portée historique, annoncés dernièrement par le chef de l'Etat. Il a, ainsi mis en avant le projet de profondes réformes socioconomiques et politiques qui " auront des retombées éminemment positives sur l'état des libertés, la qualité de vie, le marché de l'emploi et, d'une manière générale, sur le développement économique, social et culturel ", a souligné le ministre. M. Medelci a notamment cité les modifications législatives et la révision constitutionnelle, qui seront initiées "dans le sens de l'approfondissement démocratique et du renforcement de l'Etat de droit, a travers la mise en conformité de l'arsenal juridique algérien avec les normes les plus modernes des démocraties représentatives". Il s'agit de la loi électorale, de celle relative aux partis politiques et aux associations ou de la concrétisation de la représentation de la femme dans les assemblées élues, déjà intégrée dans la Constitution. M. Medelci a en plus fait état de la loi de l'information qui sera révisée et complétée par l'introduction de repères d'une charte déontologique et la dépénalisation des délits de presse qui fait l'objet d'un projet de loi en cours de finalisation au niveau du gouvernement. Il a également mis en exergue "la consolidation des acquis en matière de droits de l'homme et leur élévation, et leur ancrage définitif par la diffusion permanente de la culture des droits de l'homme parmi les citoyens et au sein des institutions de l'Etat". Le ministre a enfin estimé que cette "feuille de route" s'insère dans la dynamique des multiples réformes menées par l'Algérie au cours de la précédente décennie et qu'elle répond évidemment aux attentes nombreuses et légitimes du peuple. Au chapitre international, M. Medelci a traité de l'évolution politique et sociale, dans le monde arabe particulièrement, avant d'évoquer la position doctrinale de l'Algérie qui consiste à rejeter toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures des Etats et à respecter la décision de chaque peuple découlant de sa souveraineté nationale ainsi que de son droit légitime à l'autodétermination. Il a notamment souligné que pour l'Algérie, cette position est érigée en sacerdoce lorsqu'il s'agit de relations entre Etats et qu'elle n'est pas sujette à modification en fonction des circonstances et des lectures conjoncturelles . Il a aussi insisté sur le fait qu' elle a été réitérée, à chaque occasion, "qu'il s'agisse de la Tunisie, de l'Egypte, voire de la Côte d'Ivoire, et elle est exprimée avec force, aujourd'hui, pour ce qui est de la Libye". Concernant la situation en Libye, M. Medelci a ainsi indiqué que l'Algérie, qui souscrit aux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, et qui s'y conforme scrupuleusement, a appelé, dès le début des événements, à régler la crise pacifiquement, convaincue que seul l'arrêt de l'effusion de sang et des hostilités permettront aux belligérants d'engager des négociations, sans aucune ingérence, pour une issue politique de la crise. Rappelant que cette solution était préconisée par l'Union africaine. La crise en Libye constitue une grande préoccupation pour l'Algérie en raison de " l'impact direct de la stabilité de ce pays sur l'évolution de la question sécuritaire dans toute la région, y compris aux frontières de l'Algérie ", mais aussi parce que la Libye partage une proximité avec la région du Sahel où activent toujours des groupes terroristes et des réseaux du crime organisé ", a encore expliqué le ministre. Il a, par ailleurs, indiqué que le redéploiement de l'armée libyenne avait donné aux organisations du crime des possibilités d'infiltration et de récupération d'armes sophistiquées, dont des missiles de longue portée, qui représentent une réelle menace à la paix et à la sécurité des pays voisins. Concernant la situation en Côte d'Ivoire, l'Algérie avait appelé au respect de la légalité dans ce pays et celle du suffrage souverain du peuple ivoirien en faveur du président Ouattara, et salué le "projet de réconciliation" que le Président élu compte mettre en œuvre " pour unifier le pays". M. Medelci a conclu son intervention en précisant que l'Algérie, soucieuse de "conforter la stabilité et la sécurité" dans le continent africain et dans le monde arabe, continuera d'assumer ses obligations de solidarité et d'entraide avec les peuples frères et amis et de privilégier les voies du dialogue et de la concertation pour renforcer la cohésion et la concorde, et soutenir les efforts de développement et du progrès social ".