C'est aujourd'hui jeudi que devrait accoster aux côtes du Singapour le pétrolier Equator, qui transporte la première livraison de pétrole des insurgés libyens, ont annoncé hier les autorités portuaires de ce pays d'Asie. L'Equator, (nom du pétrolier transportant la première cargaison appartenant aux rebelles libyens) qui transporte 80 000 tonnes de pétrole, a quitté le port de Marsa al Hariga, dans l'Est lybien contrôlé par la rébellion, il y a trois semaines. Les fonds issus de cette première vente contribueront au financement du soulèvement des insurgés contre le colonel libyen Mouammar Kadhafi. " L'autorité portuaire et maritime de Singapour a reçu une note d'approbation préliminaire selon laquelle le pétrolier l'Equator s'arrêtera au port de Singapour le 28 avril ", a déclaré une porteparole de l'Autorité portuaire. Le tank devrait faire un bref arrêt à Singapour pour se ravitailler en carburant avant de repartir vers un port chinois, Ningbo ou Dalian, selon des négociants. Le mystère demeure sur l'identité de l'acheteur de la cargaison. A l "issue d'un sommet franco-italien, tenu avant-hier mardi à Rome, Sarkozy et Berlusconi, ont appelé la communauté internationale à cesser de s'approvisionner en pétrole auprès du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, demandant aux opérateurs pétroliers de ne pas acheter d'or noir à son régime. " L'Italie et la France n'accepteront pas d'hydrocarbures vendus parKadhafi et son régime ", affirment le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi dans un communiqué commun publié à l'issue de ce sommet bilatéral. " ils appellent tous les Etats et tous les opérateurs du marché pétrolier à refuser toute opération de commercialisation ou de transport d'hydrocarbures qui puisse avantager le régime de Kadhafi, ainsi que toute livraison de produits pétroliers bruts ou raffinés, qui peuvent contribuer aux attaques contre la population ", ont-ils poursuivi. La Libye est le plus gros pays exportateur de pétrole en Afrique, et pourtant il ne produit que 2 à 3 % du pétrole mondial. Ses principaux clients : les Européens. Le pays de Kadhafi exportait en janvier dernier environ 1,6 million de barils de pétrole brut par jour, soit 95 % de sa production. La France importe 205 000 barils par jour, ce qui représente 15,7 % de son importation quotidienne totale. L'Italie, qui importe 376 000 barils de pétrole brut par jour, est le pays le plus dépendant de la Libyie. D'autres pays comme l'Irlande, la Suisse et l'Autriche en importent peu, car ils sont moins grands consommateurs. Mais environ 20 % de leur pétrole provient tout de même de Libye. Le baril est actuellement à 107,63 dollars. L'Italie accueillera le mois prochain une conférence internationale pour trouver comment commercialiser le pétrole produit dans les régions contrôlées par les rebelles libyens. Si le conflit qui fait rage en Libye inquiète les occidentaux, c'est principalement dans la peur de se voir confrontés à une pénurie de pétrole. Début avril, la production était réduite à 500 000 barils par jour. Pour l'instant, les pays de l'OPEP estiment leurs réserves à 5 millions de barils par jour : la pénurie n'est en principe pas à craindre pour tout de suite. C'est plutôt l'économie libyenne qui serait pénalisée par une rupture de la production du pétrole, car le pays en tire environ 93 % de ses recettes. Depuis le début du conflit, la plupart des ouvriers locaux ont déserté les terminaux pétroliers, qui ont été ensuite sabotés par les troupes libyennes. Ils sont le théâtre de violents affrontements. La Libye dispose de cinq raffineries, dont les deux plus importantes sont celle de Ras Lanouf et Zuwara.