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Les combats se poursuivent à Brega, Tripoli prêt à négocier mais jamais sans Kadhafi Les frappes aériennes de la coalition ont détruit 30% des capacités militaires libyennes
Hier, tout a bien commencé pour l'opposition. Un raid aérien occidental a détruit deux véhicules de l'armée régulière aux abords de Brega, une importante cité pétrolière du golfe de Syrte où le front est bloqué depuis près d'une semaine. Après une série de percées rapides des opposants, suivies de retraites, ceux-là sont tout de même parvenus à tenir tête aux troupes loyalistes aux alentours de Brega. Ce, après avoir engagé leurs meilleures troupes en éloignant les jeunes «chebabs», mal formés et désorganisés. Mais les opposants ont dû vite déchanter, opérant une retraite d'environ 30 km vers l'est sous un déluge de roquettes ennemies. Ce qui devrait compliquer une mission sur laquelle le Conseil national libyen compte énormément. En effet, en plus d'avancer sur le terrain des combats, les opposants espéraient procéder dans le courant de la journée d'hier au chargement de leur première cargaison de pétrole. Le pétrolier «Equator», capable de transporter un million de barils de brut, a continué d'approcher du port de Marsa Al Hariga, près de Tobrouk, dans l'est de la Jamahiriya, aux mains des anti-Kadhafi. Cette manne pétrolière devrait aider les dirigeants du Conseil national de transition à payer les fonctionnaires et à embellir son image de gouvernement potentiel capable de diriger demain le pays. En outre, l'Union européenne n'a pas d'objections concernant l'achat éventuel de pétrole à l'opposition libyenne du moment que les revenus tirés de cette transaction ne profitent pas au régime du colonel Kadhafi, a affirmé hier le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton. Toujours sur le plan militaire, depuis lundi soir, plus aucun avion de combat américain n'a effectué de sortie, a annoncé le capitaine Darryn James, un porte-parole du Pentagone, qui a toutefois souligné que les appareils se tenaient prêts à intervenir «au cas où l'Otan en ferait la demande». Concernant le bilan de ces frappes, «elles ont détruit 30% des capacités militaires de Kadhafi», a dit un général de l'Otan. Ont-elles déstabilisé le pouvoir de Kadhafi ? A en croire le fils cadet du dirigeant libyen, présenté comme le dauphin de son père, le régime de Tripoli tenait bon et la défection de l'ancien chef de la diplomatie libyenne, qui n'aurait plus rien à dire dans l'affaire de Lockerbie, n'avait aucunement affecté Kadhafi et son entourage. Qu'en est-il de la reconnaissance du Conseil national libyen par l'ancien gouvernement ami de Rome ? Aucune réaction n'a été enregistrée à ce propos. Toutefois, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a annoncé que Tripoli était prêt à trouver «une solution politique» avec la communauté internationale. «Nous pouvons avoir toutes sortes de systèmes politiques, procéder à toutes sortes de changements : réformer la Constitution, procéder à des élections, etc., mais le dirigeant Mouammar Kadhafi doit en prendre l'initiative. C'est notre conviction», a-t-il expliqué à la presse qui l'interrogeait sur le contenu des négociations engagées à l'étranger. Le n°2 de la diplomatie libyenne, Abdelâati Obeïdi, a achevé une tournée éclair en Europe qui l'a conduit successivement en Grèce, en Turquie et à Malte. Il a exposé à ses interlocuteurs la position de la Libye, sans parvenir à une percée quelconque. La Turquie, qui jouit d'un grand prestige dans le monde arabo-musulman et entend parler aux deux parties, devrait dépêcher un émissaire auprès des insurgés libyens dans les jours à venir. «Les deux parties campent sur des positions rigides», a déclaré un responsable de la diplomatie d'Ankara après la visite de l'émissaire libyen. «L'opposition souligne que Kadhafi doit partir. L'autre partie déclare que Kadhafi doit rester. Il n'y a donc pas d'avancée pour le moment.» Pour sa part, le Premier ministre maltais, Lawrence Gonzi, a insisté devant l'émissaire de Tripoli sur la nécessité impérieuse pour Mouammar Kadhafi et ses proches de quitter le pouvoir. Il s'est dit également révolté de la situation prévalant à Misrata. Des rescapés parvenus en Tunisie ont décrit un «enfer» et accusé le n°1 libyen d'y orchestrer un «massacre». A Tripoli, certains habitants, excédés par la pénurie de carburant et les files d'attente devant les magasins vendant des denrées de première nécessité, ont commencé à prédire ouvertement la chute imminente du Guide.