Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a tenu à préciser, hier, que l'Algérie est ouverte à toute proposition de rapprochement d'où qu'elle émane, à condition qu'elle favorise l'intérêt nationale. S'exprimant lors d'une conférence de presse organisée en marge de la cérémonie de création de la société multinationale de lutte contre la pollution marine des hydrocarbures dans la rive sud de la Méditerranée et la côte Ouest de l'Afrique, le ministre a souligné, à propos des négociations entre Sonatrach et Suez, que ces discussions ne diffèrent pas de celles qu'a Sonatrach avec d'autres groupes, à l'image de Statoil, Shell …. Le message lancé par M. Khelil à l'occasion est des plus clairs. "On ne fait pas une association juste pour faire une association" a-t-il précisé. L'Algérie, a ajouté le ministre, ne veut plus se contenter de vendre du gaz, d'autant que le gaz algérien a des débouchés à travers le monde. Il ressort des ces déclarations que l'intérêt de l'Algérie va au-delà de la simple vente de gaz. La coopération dans le domaine du gaz devient le souci numéro un à l'échelle mondiale au vu des enjeux que renferme le secteur énergétique. Parmi les pays producteurs, l'Algérie joue un des premiers rôles. Ceci étant, l'Algérie ne peut se permettre de dépendre du seul client européen. Pour cela, l'Algérie est en train de s'engager sur le marché atlantique, notamment le marché américain qui, étant en plein essor, est valorisant. En effet, le marché américain a besoin de gaz naturel pour son économie. Sa production arrive à la limite à être stationnaire. Les Américains sont en train de développer les terminaux de réception. C'est un marché potentiel très demandeur et qui se chiffre à des centaines de milliards de m3 de gaz naturel. Par ailleurs, le prix du gaz sur le marché américain est plus attractif que sur le marché européen. D'un autre côté, le marché américain se présente comme étant moins contraignant que le marché européen. Il suffit pour cela de rappeler les obstacles rencontrés par l'Algérie sur le marché européen du gaz, à l'exemple des Espagnols qui veulent purement et simplement étouffer le champ d'intervention de Sonatrach sur le marché espagnole en limitant ses fournitures de gaz à 30% seulement des besoins du marché local. Concernant justement l'Espagne, M. Khelil a indiqué que les négociations sur le réajustement des prix du gaz ne semblent pas avancer, de même que le litige sur la réalisation du projet Gassi Touil avec le groupement espagnol Repsol et Gas Natural. L'Algérie doit, selon M. Khelil, s'adapter aux mutations du marché européen en préservant ses intérêts. A ce titre, il a indiqué que le rachat d'Endesa, société partenaire dans le projet Medgaz, par ENEL et Acciona pose un problème compte tenu que le contrat d'achat et de vente de gaz signé avec Endesa n'est pas automatiquement endossé par les nouveau propriétaire. Le protectionnisme européen semble irriter le ministre de l'Energie. Il a indiqué, par ailleurs, que la prise de participation dans le terminal de Montoir ne s'est fait que contre la vente de gaz transitant par le Medgaz à Gaz De France. Il a précisé, dans ce contexte, que la proposition de participation sur des terminaux gaziers aux Etats-Unis émanait de Statoil et non de GDF. Pour résumer la nouvelle approche, le ministre a souligné que les prochains appels d'offres que va lancer le ministère incluront de nouveaux critères, puisqu'il ne sera pas question juste de trouver des investissement. En termes plus clairs, la sélection devra être plus rude. Le ministre a annoncé dans ce sens que le prochain appel d'offres est attendu pour la fin de cette année et a promis que cet appel d'offre prouvera que l'Algérie restera toujours un pays attractif, malgré les amendements à la loi sur les hydrocarbures.