La Commission espagnole de l'énergie impose à Sonatrach des conditions contraignantes qu'elle devrait revoir. Le projet transcontinental du gazoduc Medgaz devant relier l'Algérie à l'Espagne à partir de Béni Saf jusqu'à Almeria risque d'être remis en cause. C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, lors d'une conférence de presse animée en marge de la signature des statuts de la Société de lutte contre la pollution marine par les hydrocarbures, Osprec. Le ministre explique que le retrait, début septembre 2006, du groupe français Total et de British Petroleum, a permis à Sonatrach d'augmenter sa quote-part dans le projet Medgaz en la portant à 36% au lieu des 20% initiaux, suivie de Cepsa et Iberdrola (20%), de Gaz de France et Endesa avec 12% chacune. La Commission nationale espagnole de l'énergie, ajoute-t-il, était favorable à ce que Sonatrach obtienne ces parts, mais sous condition. M.Khelil cite, entre autres conditions, l'augmentation de la capacité d'alimentation du gazoduc sans prendre en considération les capacités revenant à Sonatrach ainsi que la limitation de la capacité d'évacuation à travers le gazoduc sous-marin qui ne doit pas être en-dessous de 80%. «Cependant, ces conditions sont tellement contraignantes pour nous qu'elles risquent de remettre en cause le projet Medgaz lui-même», prévient le ministre de l'Energie. Pour lui, la commission devrait revoir ces décisions. Pour rappel, le futur gazoduc Medgaz reliera, à compter de fin 2008, début 2009, Béni Saf à Almeria (Espagne). Il aura une capacité de 8 à 10 milliards de m3/an, extensible à 16 milliards de m3/an pour pouvoir acheminer, par la suite, le gaz vers le reste de l'Europe. En vertu des parts de chacune, Sonatrach disposera d'un volume de 2,88 milliards de m3, Cepsa et Iberdrola, 1,6 milliard de m3 pour chacune d'entre elles, Gaz de France et Endesa bénéficieront de 0,96 milliard de m3 pour chaque compagnie. Ce projet structurant sera complété par la pose de lignes de communication en fibre optique et de câbles devant servir à transporter de l'électricité produite en Algérie et qui sera destinée à alimenter et à approvisionner le marché européen. Les conditions imposées, donc, par les Espagnols ne visent-elles pas à faire pression sur l'Algérie pour qu'elle cède, elle aussi, sur la renégociation des prix du gaz vendu par Sonatrach à l'espagnol Gas Natural? Sur cette affaire justement, le ministre Chakib Khelil affirme qu'elle n'avance toujours pas. Il avait déjà annoncé «qu'un recours à l'arbitrage international est probable en cas d'échec avéré». Cette renégociation, entamée il y a deux ans, et qui ne concerne que le tiers environ du gaz algérien exporté vers l'Espagne, vise à ajuster le prix considéré, aujourd'hui par la partie algérienne, comme étant très bas par rapport au prix du marché. Pour M. Khelil, l'impact d'une telle augmentation graduelle du prix du gaz algérien sur les consommateurs espagnols serait de seulement 6%. L'Algérie veut augmenter le prix de 20% en deux étapes sur une année, de façon à limiter l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. Par ailleurs, sur l'information faisant état de rapprochement entre Suez et Sonatrach, le ministre a indiqué que «nous nous sommes rapprochés de tout le monde pour diversifier notre marché mais tout en favorisant nos intérêts». Sur l'accord de partenariat stratégique avec l'Union européenne dans le domaine de l'énergie, le premier responsable du secteur dira que les discussions sont en cours. S'agissant d'un éventuel partenariat avec Gaz de France, il souligne que «nous sommes toujours disposés à étudier toutes les propositions». Il n'écarte pas la possibilité de l'existence d'une coopération nucléaire avec la France tout comme l'accord qui sera signé en juin prochain avec les Américains dans le même domaine, dit-il. A ce propos, le ministre parle d'une coopération tournée beaucoup plus vers le marché américain que celui européen.