Le ministre de l'Energie a souligné que l'offre est aujourd'hui supérieure à la demande. Entre 70 et 80 dollars le baril, c'est le prix qui arrange les pays producteurs du pétrole et les pays consommateurs, a indiqué le ministre de l'Energie et des Mines, lors de l'émission Invité de la rédaction de la radio Chaîne III, diffusée hier. Au-dessous de cette fourchette des prix, a expliqué le président de l'Opep, M. Chakib Khelil, les pays consommateurs seront dans l'incapacité de développer leurs projets relatifs aux énergies renouvelables et au bioéthanol. En outre, ajoute le ministre de l'Energie et des Mines, “les pays producteurs ont besoin de ce niveau de prix non seulement pour leur budget, mais aussi pour rentabiliser leurs investissements”, évoquant l'augmentation des coûts, entre autres, des services. “Sans ce prix, il y aura une crise dans deux à trois ans”, avertit M. Chakib Khelil, parce que les pétroliers n'auront pas les moyens nécessaires pour développer “les nouveaux gisements afin de satisfaire une demande appelée à augmenter”, une fois l'économie mondiale sortie de la crise, d'où l'urgence de stabiliser les prix à un niveau plus rémunérateur pour les producteurs et assurer un approvisionnement adéquat du marché qui ne porterait pas atteinte à l'économie mondiale en crise. Mais pour le ministre de l'Energie, “l'Opep ne peut agir que sur 40% de la production mondiale qu'elle contrôle”, d'où l'appel souvent lancé pour une plus grande coopération avec les pays non-Opep. C'est dans ce sens que M. Chakib Khelil a souligné l'importance de la présence de la Russie, à la 151e réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui s'est tenue hier à Oran. Pour rappel, le président de l'Opep, Chakib Khelil, avait exprimé son souhait de voir la Russie rejoindre l'organisation. “Nous souhaiterions un appui concret qui se réalise sur le terrain, nous avons toujours voulu qu'elle (la Russie) rejoigne l'Opep, c'est un pays membre observateur comme l'Angola l'était auparavant, et l'Angola a pris la décision souveraine de rejoindre l'Opep”, avait-t-il déclaré. Sur les ondes de la radio, hier, le ministre de l'Energie et des Mines a souligné que “la présence de la Russie, forte d'une délégation de 21 membres, à la Conférence d'Oran est en soi un signe favorable”. Jamais la Russie n'a envoyé une aussi forte délégation, “présidée par le vice-Premier ministre de l'Energie, M. Igor Setchine, et le ministre de l'Energie”, a précisé le président de l'Opep. “Les Russes vont sérieusement appuyer la décision de l'Opep sur le terrain. C'est-à-dire réduire leur production”, a annoncé, confiant, le ministre de l'Energie. Chakib Khelil a affirmé avoir toujours annoncé l'existence d'un consensus pour une réduction de la production, au sein de l'Opep, “parce que les membres n'ont pas d'autre choix pour stabiliser les prix pour reprendre l'initiative de la hausse des prix”. “Il n'y a pas d'autres alternatives que de réduire la production, une réduction qui va probablement surprendre les marchés”, a ajouté le président de l'Opep, sans vouloir anticiper sur le niveau de la baisse convenue par tous les membres de l'organisation. Pour autant, le ministre de l'Energie a rappelé la décision prise en 2004 à Alger, qualifiée d'historique, de retirer deux millions de barils par jour du marché. “La décision a été tellement forte que les prix ont commencé à augmenter très rapidement”, a relevé le ministre. Interrogé sur l'impuissance de l'Opep à stabiliser les prix malgré les baisses de production décidées, M. Chakib Khelil affirme le contraire. “Sans les décisions prises depuis septembre de retirer deux millions de barils par jour, les prix seraient beaucoup plus bas. Ils seraient entre 20 dollars et 30 dollars”, a affirmé le président de l'Opep, estimant qu'au contraire “la décision de l'Opep a permis de stabiliser les prix” et aujourd'hui elle reprend l'initiative dans l'objectif d'un prix de 70 à 80 dollars le baril. Le ministre de l'Energie insiste sur le fait que la baisse de la production est la seule alternative pour stabiliser les prix à un niveau qui arrange les producteurs et les consommateurs. M. Chakib Khelil a expliqué que “les prix sont déterminés par l'offre et la demande”. L'offre aujourd'hui est supérieure à la demande. “Nous avons des stocks de 57 jours alors normalement ils ne devraient être que de 52 jours”, a relevé le ministre. Le président de l'Opep a expliqué que “la crise financière a été créée par la spéculation non réglementée”. C'est la spéculation sur les marchés qui a poussé les prix du pétrole à 150 dollars le baril, un niveau qui ne reflétait pas les facteurs fondamentaux d'équilibre de l'offre et de la demande. “Nous n'espérons qu'avec les décisions de la communauté internationale de contrôler davantage la spéculation, les spéculateurs vont agir beaucoup moins, et dans la transparence”, a déclaré M. Chakib Khelil, soulignant l'intérêt des pays membres de l'Opep de respecter la décision de réduction de la production. M. R.