Bien avant le coup d'envoi de la campagne de fenaison, les agriculteurs se sont appliqués à apprêter leur attirail. Faux, faucilles et barres de coupe ont été affûtées ou reforgées. Ces opérations qui exigent finesse et dextérité, ne sont pas à la portée du néophyte. Concernant les exploitations de type EAC/EAI, l'étendue de la tâche impose de faire appel à la faucheuse. L'usage de la faux et de la barre de coupe (montée sur un tracteur) reste, cependant, le plus répandu sur les parcours plantés d'arbres et les prairies. Cette saison, les faucheurs ont investi les prairies de la vallée de la Soummam avec plusieurs semaines d'avance sur le calendrier agraire. En effet, les travaux de fenaison qui, d'ordinaire, coïncident avec la période dénommée "Ussan Izegzawen" (journées vertes) et comprise entre le 17 et le 24 mai, ont été engagés dès la dernière décade du mois d'avril. Et pour cause : un climat sec a régné en maître de céans durant les mois de mars et avril, une période copieusement arrosée par le passé. Ces conditions hygrométriques très défavorables ont accéléré la fenaison des plantes fourragères et contraint les agriculteurs à procéder prématurément à la récolte du foin. "Naturellement, ce n'est pas de gaieté de cœur que nous devançons le calendrier, mais les plantes fanées sous les coups de boutoir du soleil, doivent être fauchées et engrangées rapidement", nous dira un paysan de Tazmalt, une région à vocation agricole. Aussi bien dans les domaines d'Amizour, les plaines d'El Kseur et de Fenaïa que dans les exploitations de la haute vallée de la Soummam comprises entre Sidi Aïch et Akbou, la faucheuse a investi la prairie, la délestant de sa robe drue et diaprée. "Ceux qui ont attendu l'avènement des journées vertes pour entamer les travaux ont été assommés par les caprices du climat", fait remarquer un exploitant de Timezrit, faisant allusion aux pluies tardives de ce mois de mai, qui ne manqueront pas d'engendrer un rancissement du foin et partant, une baisse de sa valeur nutritive.