Fidèle à ses traditions, le Musée national des beaux-arts d'Alger a accueilli une fois de plus une exposition en hommage à l'artiste Baya Mahiedine, qui regroupe l'ensemble de l'œuvre pittoresque qu'elle nous a léguée. Inaugurée mercredi passé par la ministre de la ?Culture, Mme. Khalida Toumi, en présence du fils de l'artiste, M. Othman Mahiedine, cette exposition s'inscrit dans le cadre de la manifestation (Alger, capitale de la culture arabe 2007). La famille Mahiedine a enrichi cet événement en exposant des œuvres, propriété de la famille, qui sont méconnues par le grand public et qui n'ont pas été exposées depuis 35ans. Interrogé sur la vente d'œuvres de Baya, M. Othman Mahiedine a révélé que "depuis la mort de l'artiste-peintre, la famille n'a vendu que trois œuvres d'art et c'était pour des institution de l'Etat". "L'une de ces trois œuvres vendues, était offerte au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, lors de sa visite à la wilaya de Blida en 2001", ajoute-t-il. Le fils de l'artiste a signalé que beaucoup de copies circulent sur le marché de l'art national et international. "Beaucoup d'acheteurs appellent la famille de l'artiste après l'achat d'un Baya, pour savoir si le tableau acheté est original ou un faux Baya" comme le dit son fils. Baya, l'enfant révélé au monde par André Breton et Pablo Picasso, on ne peut qu'aimer son art, et s'incliner en admiration devant son univers de rêve. Née en 1931, dans une famille pauvre, Baya se retrouve orpheline à 5ans, "Margueritte" l'adopta, lui donna sans penser à bien ni à mal des "couleurs sans danger", un pinceau et du papier. Baya s'en servit de telle sorte que "Marguerite", qui connaissait la peinture, en resta coite et l'encouragea à peindre. En 1947, à seize ans, Baya exposait à la galerie Mueght à Paris et André Breton, pourtant avare de préfaces, écrivit dans le catalogue : " …Et voici, profilée sur le tissu de fils de la vierge de l'avenir, la silhouetter hiératique de Baya, soulevant un coin du voile, découvrant ce que le jeune monde uni, harmonique et s'aimant pourrait être… Il est indéniable que dans son attirail de merveilles, les philtres et les sorts, secrètement le disputent aux ex-nuits…Baya dont la mission est de recharger de sens ces beaux mots nostalgique : "l'Arabie heureuse", Baya qui tient et ranime le Rameau d'Or… ". Au vernissage de cette exposition, à envergure internationale, mercredi passé, à la salle des Bronzes du Musée des beaux-arts d'Alger, on ressentait l'âme de Baya qui planait sur nous et frôler nos rêves. Baya, le regard fleur, comme le dit Assia Djebar, ou la naïveté transcendée, comme la décrit Boudjedra, est et restera toujours l'artiste rêve, présente dans nos cœurs et nos rêves.