Selon la direction des services agricoles, la production de lait cru dans la wilaya de Batna qui emprunte une courbe sans cesse ascendante, a quintuplé, depuis 2004, passant de 17 millions de litres à 65 millions de litres en 2009, avant de bondir à 86 millions de litres en 2010. Ces niveaux de production qui dépassent les objectifs des contrats de performance de la filière sont appelés, durant 2011, à croître davantage pour franchir le seuil des 100 millions de litres, relèvent les mêmes services qui soulignent que la wilaya a produit durant le seul premier semestre de l'année en cours 41 millions de litres de lait. Le directeur de wilaya du secteur a, cependant, précisé que le taux de croissance de la filière a été particulièrement important à partir des saisons 2008-2009 avec un taux de 30%, pour augmenter en 2010-2011 à 91 %. A noter que la wilaya de Batna a connu, au cours des trois dernières années, l'émergence des trois nouveaux bassins laitiers de Sériana, Merouana et Barika, qui sont venus s'ajouter au traditionnel bassin des plaines d'El Madher. Dans le même sillage, le cheptel bovin a cru de 16 000 têtes en 2004 à 30 000 bêtes actuellement avec une amélioration constance du rendement moyen par vache passé de 1 779 litres/an en 2000 à 3 062 litres/an en 2010 avec, chez certains éleveurs, un rendement de 7 200 litres/an par vache. " Cette évolution est le résultat direct du programme de développement de la production de lait cru mené dans cette wilaya ". Selon Mohamed Lamine Grabsi, DSA, la wilaya compte 5 900 éleveurs dont 606 intégrés au programme de collecte de lait, contre 159 en 2000. Un nombre qui devrait encore augmenter à la faveur des facilités accordées aux éleveurs, dont l'annulation de la condition pré-analyse. L'insémination artificielle, qui est un atout de développement de la filière et la technique de l'insémination artificielle qui a contribué au dynamisme de la filière s'est étendue actuellement à 4 000 vaches contre seulement 800 en 2002. Le soutien financier du ministère de l'Agriculture et du Développement rural a permis l'amélioration des races et, par conséquent, des rendements moyens par vache, notent des techniciens. Par ailleurs, les vétérinaires, affirment que cette opération a permis de remplacer les vaches de races locales, à faible rendement, par d'autres à rendements laitiers plus élevés. Quant aux campagnes de lutte contre les diverses maladies, dont la fièvre aphteuse et la brucellose, ces dernières ont fait reculer le taux d'infection des troupeaux locaux de 7% à 0,03%, assure le DSA qui estime que ceci a évité aux éleveurs les pertes considérables liées à l'abattage de bêtes malades et renforcé leur attachement à cette activité. Pour rappel, cette couverture sanitaire a placé Batna parmi les wilayas du pays les mieux couvertes en matière de santé animale, " 23 % des 10 millions de dinars de soutien réservé au secteur entre 2004 et 2010 ont appuyé les investissements dans les fermes laitières au travers du fonçage de 500 forages, l'équipement de 6 000 hectares en systèmes d'aspersion et l'aménagement et l'extension des étables ", affirme M. Grabsi. La production de fourrages verts et secs est actuellement obtenue sur 39 118 hectares contre 8 400 hectares en 2000 avec une production annuelle de 2,3 millions de quintaux en 2010. Un volume qui place Batna en tête des autres wilayas du pays en termes de production de fourrages, estime ce dernier. Cependant, la croissance accélérée de la production a été toutefois accompagnée par une évolution moins soutenue des capacités de collecte au cours des deux dernières années qui ont connu la création de 500 centres de collecte dont certains dépendant de grandes laiteries nationales. " La quantité de lait collectée est passée de 4 millions de litres/an il y a peu à 15 millions de litres actuellement, et devra prochainement doubler à la faveur de la mise en œuvre de la politique du ministère de l'Agriculture et du Développement rural portant création d'un organisme régulateur autour de l'Office national interprofessionnel de lait en vue de réduire la facture d'importation du lait en poudre " selon le DSA.Pour rappel, deux unités de transformation du lait ont été créées ces dernières années à Batna. Elles totalisent une capacité de 17 000 litres/jour. Deux autres laiteries d'une capacité globale de production de 132 000 litres/jour sont actuellement en voie de réalisation. Les autorités locales ont réservé à l'intérieur des zones industrielles et zones d'activités des aires pour les investisseurs laitiers, notamment dans les principales régions productrices de lait,pour soutenir cette évolution. Rappelons que le développement de la filière lait a généré 6 000 emplois directs et indirects durant ces dernières années. Ce chiffre devra encore augmenter grâce au programme de soutien aux investissements proposés par la DSA aux agences de soutien à l'emploi dans le cadre des dernières mesures décidées en février dernier par le Conseil des ministres, dont la création de petites unités d'élevage bovin et d'autres de collecte de lait et de fabrication de fromage. Et pour mieux organiser la filière, un pôle régional lait a été créé à Batna et est encadré par un Conseil régional interprofessionnel du lait réunissant tous les acteurs de la filière. La filière lait fait partie de dix filières agricoles connaissant ces dernières années un dynamisme considérable qui permet à la wilaya de contribuer efficacement à relever le produit brut agricole national et renforcer la sécurité alimentaire du pays.