Durant les 165 jours qu'il a passés à la tête du Haut comité d'Etat (HCE), le président Mohamed Boudiaf, Tayeb El Watani, fut découvert par les Algériens, notamment par les jeunes, comme éclaireur de l'avenir et guide quant à la sauvegarde des acquis de la République. Ce bref parcours stoppé par sa disparition, le 29 juin 1992, reste une référence marquante dans la vie de la nation, tant il a dépeint à l'opinion nationale et internationale, un homme de cœur à la détermination inébranlable. Sa conviction profonde et affichée a été réaliste. En acceptant de revenir au pays, après un long exil, Tayeb El Watani a ramené dans ses mallettes l'espoir et une stratégie claire et impressionnante pour sortir le pays de la crise.Le caractère, la personnalité, les qualités de celui qui fut cofondateur du FLN historique, ont été à la base pour redonner espérance aux Algériens et aux Algériennes qui vivaient des moments critiques. Feu Boudiaf a su comment capter l'adhésion du peuple à son discours redresseur de cette situation. Conquérir la paix, la sécurité, relancer le développement de l'économie nationale, réunir l'unité nationale, se libérer de toutes les entraves, déjouer la stratégie des intégristes, ont été les principales questions inscrites sur son agenda. Le regretté est allé au plus profond de sa conviction et a interpellé le peuple à prendre conscience des dangers qui guettent le pays par la cause de l'islamisme politique.La jeunesse algérienne connaissait Boudiaf à travers son histoire et ses écrits. Mais ; tout le monde avait encore à apprendre de ce Moudjahid de la première heure, qui venait de reprendre du service pour l'intérêt du pays et de la nation. On a senti quelque chose de massif et de profond, le président du HCE avait une source de nationalisme d'où jaillissait sa conviction honnête et une volonté inébranlable d'assumer cette lourde charge, avec engagement franc à combattre tous les maux sociaux ainsi que de redresser la barre dans les domaines politique, économique et sociale en déclin. Tout ce qu'il a entrepris était précis, pratiquant le discours approprié et employant la dialectique comprise par tout le peuple. Il a su stimuler l'intérêt et faire de son autorité un moyen et une référence de communication avec le peuple. En gagnant cette confiance, il avait mis sur le terrain ses propres convictions et, ainsi, à ne pas faire l'intérêt de groupe ou le jeu de certains cercles influents. Les problèmes de la reconstruction du pays étaient bien lourds dans son agenda, car les populations harcelées par les groupes terroristes et un début fort de récession criaient leurs souffrances devant tant de malheurs. Sa rigueur dans la gestion des affaires publiques, ses idées constructives font aujourd'hui de lui un immortel, puisque son dévouement à l'intérêt général a dépassé les frontières du pays. En choisissant ce principe, Boudiaf s'était mis sur le chemin à défendre, à tout prix, envers et contre tous, les ambitions qu'il avait embrassées pour redonner vie à l'Algérie. Jeunes et moins jeunes auront remarqué que lors de ses contacts publics, Boudiaf avait le sentiment de souffrir avec les citoyens. Aujourd'hui, il n'est un secret pour personne que sa nature, sa personnalité et sa vie ont prouvé la vision qu'il avait des problèmes qui ont secoué le pays et perturbé la cohésion sociale, surtout qu'il a pris la tête du HCE dans les pires moments. Rien de tout cela n'a pu fléchir sa résolution. Il entreprit avec la patience d'un nationaliste et le courage qui l'animait, de reconstruire le pays, de prendre langue avec la démocratie et faire participer le peuple à toutes les décisions. A ce sujet, il était d'une solidité et d'une ténacité rares, qui s'exprimaient clairement dans ses décisions.