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Il y a eu l'espoir quand Boudiaf est venu
16 janvier 1992
Publié dans Le Maghreb le 17 - 01 - 2009


La démission surprise en 1992 du président Chadli Bendjeddid a astreint les décideurs à faire appel à l'un des fondateurs du FLN, Mohamed Boudiaf, en exil depuis trente ans au Maroc, qui a accepté de revenir au pays pour "sauver l'Algérie" qui se débattait dans une véritable impasse et d'une crise profonde de légitimité. Modeste et honnête, celui qui a répondu à l'appel du "devoir", a montré son dévouement pour la nation et son sens de patriotisme. Si Tayeb El-Watani, a pris la tête du Haut Comité d'Etat alors que le pays se trouvait dans une situation des plus asphyxiante dans tous les domaines. A partir de 1991 les difficultés économiques et financières du pays se sont accentuées avec une ampleur aiguë. Tant et si bien que le président du HCE a dû mettre en veilleuse certains projets économiques pour se consacrer à la gestion de la pénurie totale, chronique et généralisée générée les violences terroristes qui ont poussé au chaos total après de l'interruption du processus électoral. C'est dire que Boudiaf a hérité d'une situation des plus déplorables. Malgré ses soixante-treize ans, Boudiaf a été accueilli par les Algériens comme un homme neuf qui a passé trois décennies de sa vie en exil, loin de la gestion du pays. Sa qualité d'homme politique, dirigeant de la première heure de la Révolution de Novembre 54, a fait de lui un personnage historique intègre et courageux qui n'a jamais été mêlé aux affaires "louches". Considéré comme l'un des dirigeants les plus prestigieux de la guerre de Libération nationale, dont il fut parmi les principaux déclencheurs, Si Tayeb El-Watani a été l'une des rares personnalités algériennes de la génération de Novembre 54 qui ne mâche jamais ses mots. Il parle avec cette franchise parfois déroutante, souvent inattendue et toujours directe à tous ses interlocuteurs. Ce n'est certes pas le " diplomate " par excellence, bien que son talent de persuation soit impressionnant, il utilise le langage simple, celui bien compris et bien assimilé par les Algériens. En janvier 1992, l'actualité faite autour de ce personnage a permis surtout aux jeunes d'avoir en face, un Boudiaf plein d'idées politiques affirmées. La nouvelle génération, qui ne le connaissait qu'à travers les récits et les écrits de ses compagnons, découvre en lui l'homme du changement radical du système. Les premières apparitions publiques du président du HCE redonnent confiance au peuple, particulièrement lorsqu'il décréta l'Etat d'urgence, les attaques contre la corruption, contre le FIS et même contre le parti du FLN. "Le FIS est hors la loi. Plus jamais de FIS en Algérie". Il se trouvait aux premières lignes pour organiser, rassurer, conforter et renforcer le moral du peuple déboussolé par les violences intégristes. "Les ennemis de l'Algérie, où qu'ils se trouvent, seront neutralisés, écrasés et mis hors d'état de nuire" (dixit Boudiaf). Les confidences de Boudiaf sont bouleversantes. Il savait que certaines de ses décisions et de ses propos en tant que président du HCE irritent certains rentiers du sérail. Mais pour lui, la voie semée d'embûches à laquelle fait face l'Algérie doit être "déblayée", pour que le peuple retrouve sa dignité. Sens du risque ou refus de l'injustice comme fait accompli ? En tout cas, Mohamed Boudiaf, représentatif d'une nouvelle méthode de gestion, dans ses déclarations en direction du peuple, a fait montre de son attitude traumatisée par la situation de misère du pays sur le plan politique, économique et social. Durant son bref passage à la tête du HCE, ses problèmes le tiennent aux tripes, pour ainsi dire. C'est de là, et de son franc parler qu'il tire cette extraordinaire popularité dont il a jouit auprès du peuple profond. Un peuple auquel Boudiaf, rompant avec les traditions de ses prédécesseurs, s'est identifié. Il était soucieux du véritable intérêt du peuple. A l'ambassadeur des Etats-Unis qui demandait pourquoi faisait-on appel à Boudiaf, Redha Malek a répondu : " parce que Boudiaf incarnait l'esprit du Premier Novembre 54. En effet, Si Tayeb El-Watani a proposé au peuple un programme qui repose sur la solution immédiate et urgente des problèmes qui se posent au pays : paix, stabilité, développement. Il a également mis en avant des voies alternatives dans la conduite des affaires et de la gestion du pays en annonçant une lutte sans relâche contre la corruption et la mafia politico-financière. Tous ces discours ont apporté des contributions importantes à la lutte contre le terrorisme. A la tête du HCE durant 166 jours, Boudiaf a montré les qualités d'homme d'Etat fort en persévérant dans la voie de l'esprit novateur des Algériennes et des Algériens. Il a mis en branle la consolidation des buts fondamentaux de son programme et tracé les grands principes de son application aux problèmes qui affectent le pays. Boudiaf a tendu sa main a tout le monde, particulièrement à la jeunesse, qui a été invitée à sortir des impasses où elle se trouve. Il en est de même pour la lutte contre le sous-développement, qui doit être menée jusqu'à sa conclusion. En répondant présent à l'appel du devoir, Mohamed Boudiaf a souligné dans ses déclarations que "Tout d'abord parce que j'aime mon pays et parce que je crois qu'avec le soutien et la confiance du peuple, je peux l'aider à réaliser ses ambitions et ses idéaux". Il a toujours pensé que pour affranchir l'Algérie de son sous-développement, pour la libérer des contraintes politiques, économiques, sociales et culturelles, pour rétablir sa dignité dans la justice et l'honneur, pour la conduire progressivement dans la voie de la démocratie, "il est impératif que tout le peuple se consacre chaque jour à cette tâche gigantesque". B. Chellali

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