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Le nucléaire devrait encore se développer
Agence internationale de l'énergie atomique
Publié dans Le Maghreb le 28 - 07 - 2011

Le directeur de l'Agence mondiale de l'énergie atomique Yukiya Amano, a déclaré que la catastrophe de Fukushima n'avait fait que ralentir le rythme d'essor de l'énergie atomique dans le monde. "Il est certain que le nombre de réacteurs nucléaires va encore augmenter, même si le rythme ne sera pas aussi rapide qu'avant." Yukiya Amano, le chef de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), était d'humeur optimiste, avant-hier, lors d'une conférence de presse à Tokyo. Il a ajouté que si certains pays, dont l'Allemagne, ont revu leur politique en matière d'énergie nucléaire, "de nombreux autres pensent qu'ils ont besoin des réacteurs, notamment pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique". Le nucléaire a encore un bel avenir devant lui. Yukiya Amano, chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en est persuadé. C'est d'ailleurs au Japon, à Fukushima, sur les lieux de la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl, qu'il l'a rappelé. Cette annonce ne surprend pas Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire du nucléaire, un organisme indépendant de surveillance de l'industrie nucléaire. "Il est dans son rôle, mais on ne fait pas pousser des centrales avec de beaux discours", déclare-t-il. Selon lui, il s'agit avant tout de communication. "On est sur du bluff. Il s'agit d'installer dans l'opinion publique la croyance que le nucléaire a encore un avenir, mais c'est faux. Le seul avenir pour les industriels actifs dans le nucléaire, c'est d'essayer de prolonger les permis pour les centrales existantes." Après la catastrophe de Fukushima, l'Allemagne et plusieurs pays européens, notamment l'Italie, l'Autriche, la Belgique ou encore la Suisse, ont ouvert un débat sur l'opportunité de continuer, ou non, à devélopper le nucléaire, certains d'entre eux ayant même fixé des dates pour l'arrêt des constructions de nouvelles centrales. Mais à l'échelle du monde, la contestation du nucléaire n'est pas dominante. Selon Yukiya Amano en effet, "de nombreux autres pensent qu'ils ont besoin des réacteurs nucléaires, notamment pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique". Des propos qui font échos à ceux du ministre de l'?conomie français, éric Besson, qui déclarait fin mai que "notre monde ne pourra pas se passer du nucléaire au XXIème siècle". Et d'énumérer: "Barack Obama vient de réaffirmer qu'il n'y aura pas de suspension du nucléaire aux ?tats-Unis. La Chine et l'Inde lancent de grands programmes pour répondre à leurs besoins en énergie. Et en Europe, la Grande-Bretagne, la République tchèque ou la Bulgarie poursuivent leurs efforts". Miser sur la sécurité. Si le développement de cette énergie doit continuer, cela ne se fera pas sans conditions, affirme toutefois Yukiya Amano. "Il est important avant tout de garantir la sécurité des installations nucléaires", insiste-t-il. Au Japon, près de 36 réacteurs sur les 54 que compte l'Archipel sont actuellement stoppés à cause des destructions engendrées par les catastrophes naturelles ou parce qu'ils n'ont pas été réactivés après une maintenance de routine, par précaution. Favorable à une réduction progressive du nucléaire, le premier ministre Naoto Kan a imposé des tests de résistance aux catastrophes naturelles et autres risques avant toute relance. "Je pense qu'il est sage que le pays vérifie la sûreté de ses centrales nucléaires après l'accident de Fukushima Daiichi", a reconnu Yukiya Amano.
à Fukushima, "les perspectives sont bonnes"
Le patron de l'AIEA, revêtu d'une tenue de protection contre les radiations,s'était d'ailleurs rendu lundi sur le site de Fukushima pour la première fois depuis le 11 mars, jour où la centrale a été fortement endommagée par le séisme et le tsunami. "Si l'on considère le site, les travaux avancent de manière très régulière", s'est-il réjoui. "Tellement de gens travaillent avec passion que j'ai le sentiment que les perspectives sont bonnes", a-t-il ajouté.
Les autorités japonaises ont dit la semaine dernière être dans les temps pour reprendre le contrôle de la centrale fortement endommagée. Elles ont toutefois prévenu que l'assainissement complet du site prendrait encore plus de dix ans. L'opérateur de la centrale accidentée, Tokyo Electric Power (Tepco), espère déjà parvenir à refroidir les réacteurs et maintenir la température du combustible sous les 100 degrés Celsius d'ici à janvier. "J'ai dit au Premier ministre que l'AIEA peut aider le Japon, car nous avons les connaissances et l'expérience requises pour la décontamination et la gestion du combustible nucléaire fondu ou usé", a déclaré le chef de l'agence.
En juin dernier, l'AIEA avait critiqué la réaction du Japon après l'accident, pour n'avoir notamment pas mis en œuvre la convention d'assistance prévue par l'agence en cas d'accident nucléaire. Celle-ci régit la coopération entre ?tats et avec l'AIEA pour organiser l'aide, la sécurité et la communication le cas échéant.
Chiffres en diminution
Pour Stéphane Lhomme, il faut se baser sur des données fiables. "Si l'on regarde les chiffres, la production baisse et le nombre de réacteurs est en légère diminution. Vous pouvez vérifier, ces données proviennent de l'association mondiale du nucléaire!" Effectivement, la production mondiale d'électricité produite par le nucléaire est en baisse depuis 2006. Un rapport du WorldWatch Institute montre que le nombre de réacteurs dans le monde était de 444 en 2002, soit le maximum historique, contre 437 en avril 2011. Le "pic" maximum du nombre de centrales a été passé dans beaucoup de pays, comme au Canada, au Japon, en France, en Allemagne, en Inde ou en Espagne, selon ce même rapport. Reste que si la Suisse et l'Allemagne ont décidé de sortir du nucléaire, respectivement d'ici 2034 et 2022, la plupart des pays n'ont pas encore renoncé à cette énergie. Le Parlement britannique, par exemple, a approuvé massivement, le mois passé, un plan de relance du nucléaire comprenant la construction d'une dizaine de centrales.
Pour remplacer le charbon en Chine
Et la Chine mise sur l'atome pour remplacer ses centrales au charbon polluantes. 28 unités de production sont en chantier ou vont être construites. En tout, ce ne sont pas moins de 64 centrales qui sont actuellement en cours de construction sur la planète.Cela ne préoccupe pas l'opposant au nucléaire. "Sur la soixantaine de centrales en cours de construction, une bonne quinzaine l'est depuis 25 à 30 ans! Et souvent, il a fallu réinjecter plusieurs millions pour continuer les travaux." Selon Stéphane Lhomme, le cas de la Chine est particulier. "Il faut bien se rendre compte que par rapport à la taille du pays, ce que vont construire les Chinois ne permettra de produire qu'un peu plus de 4% de la consommation en électricité des habitants. C'est minime." Le président de l'observatoire du nucléaire pense que l'industrie mondiale nucléaire n'a, au contraire, aucun avenir. "à part en Chine et dans une moindre mesure en Russie, le nombre de nouveaux réacteurs n'est pas comparable à celui de ceux qui ferment ou qui sont en fin de vie. Il y en a 8 de moins en Allemagne, par exemple, et plus que 16 réacteurs sur 54 sont en activité au Japon." L'Empire du Soleil levant entend d'ailleurs renoncer à augmenter la part du nucléaire dans sa production d'énergie suite à la catastrophe de Fukushima.


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