Républicains et démocrates n'arrivent pas à s'entendre pour relever le plafond de la dette. barack obama appelle au consensus. De la catastrophe absolue, au sauvetage de dernière minute en passant par le meilleur des accords, trois pistes s'offrent à eux. Si rien n'est fait, la première économie mondiale pourrait se retrouver en défaut de paiement dès mardi. Après des semaines de tractations, démocrates et républicains ne parviennent toujours pas à se mettre d'accord sur la solution au problème de la dette américaine. A J-3 d'un possible défaut de paiement des Etats-Unis, on va faire le point sur la situation actuelle et l'enjeu crucial de ces prochaines heures. Le suspens se prolonge aux etats-Unis. Dans une courte allocution, le président américain Barack Obama a appelé, avant-hier à un accord bipartisan pour relever le plafond de la dette américaine. "Nous travaillerons tout le week-end avec les démocrates et les républicains afin de trouver un accord", a-t-il déclaré. Le temps presse: le département du Budget a indiqué que les caisses seront vides dès le 2 août. Le problème 14.300 milliards de dollars, est le montant de la dette américaine depuis le 16 mai dernier, soit quasiment l'équivalent de 100% du PIB. Et sa limite fixée par la loi. Le Trésor est formel : après le 2 août, les Etats-Unis perdront leur capacité d'emprunt et risqueront le défaut de paiement. En clair, l'Etat ne pourra plus payer ses fonctionnaires, ne pourra plus verser les aides sociales et ne pourra plus rembourser ses créanciers. Certains analystes estiment toutefois que le risque de défaut de paiement n'arrivera pas avant le 15 août. Le risque d'un subprime financier mondial Un défaut de paiement entraînerait une baisse de la note souveraine de la première puissance économique. La perte de leur triple A causerait un séisme financier mondial. "Je n'ai pas de mots assez forts pour souligner à quel point c'est grave", a déclaré le sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères. La directrice du FMI Christine Lagarde, a quant à elle, appelé les dirigeants politiques américains à "dépasser les susceptibilités" pour "le bien du pays tout entier et pour celui de l'économie mondiale". Propositions des démocrates Le projet du chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, propose une baisse du déficit à 2.200 milliards de dollars sur 10 ans et table sur un relèvement de la dette suffisant pour durer jusqu'en 2013. Ce qui permettrait de couvrir les besoins américains en matière d'emprunt jusqu'à l'élection présidentielle de novembre 2012 Propositions des républicains Le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, propose quant à lui une réduction du déficit de 900 milliards de dollars sur 10 ans et un relèvement à court terme du plafond de la dette, avant une nouvelle décision au printemps 2012. Ce qui forcerait le Congrès à se pencher de nouveau sur cette question épineuse avant les élections. Les républicains se divisent Le plan de Boehner ne fait toutefois pas l'unanimité au sein de son propre camp. La droite dure, représentée par le Tea party, ne veut pas entendre parler d'un relèvement du plafond de la dette. D'autres réclament davantage de coupes dans les dépenses. Ce plan devait être soumis jeudi soir au vote à la Chambre des représentants, majoritairement démocrate. John Boehner a passé la journée et une partie de la soirée à tenter de convaincre, en vain, les récalcitrants. Le vote a finalement été annulé. J-3 A quelques jours de la date-butoir, les républicains ont prévu de se réunir, vendredi, pour tenter de trouver un terrain d'entente entre eux, avant de soumettre à nouveau leur plan au vote. Il a toutefois peu de chances d'être accepté par le Sénat, majoritairement démocrate. Harry Reid, doit quant à lui, inviter les républicains à discuter des adaptations de son projet. De longues tractations sont à attendre tout au long du week-end pour tenter de trouver un compromis avant la date fatidique. Barack Obama, dernier recours En cas de désaccord persistant, Barack Obama peut décider tout seul de relever le plafond de la dette. Mais il serait alors, le seul à assumer la détérioration des comptes publics, ce qui constituerait une aubaine pour ses adversaires républicains, à un an de l'élection présidentielle. Ces derniers pourraient, néanmoins, se voir reprocher d'avoir privilégié leurs intérêts électoraux aux dépens de ceux de la nation américaine. Croissance décevante aux etats-Unis La performance de l'économie américaine au deuxième trimestre a été inférieure aux attentes des analystes à 1,3 % en rythme annuel. Les prévisions tablaient sur une croissance de 1,8 %. Par ailleurs, le gouvernement américain révise son estimation du PIB pour le premier trimestre. En juin, il s'attendait pour les trois premiers mois de l'année à une croissance de 1,9 %, qui est maintenant revue à 0,4 %. Depuis le début de l'année, la première économie mondiale ne cesse de décevoir. Le PIB des etats-Unis progresse à une vitesse trop lente pour faire baisser le chômage. L'économie américaine est touchée par la hausse des prix des matières premières, des ruptures d'approvisionnement à la suite du séisme au Japon, en mars dernier, et des incertitudes sur les marchés. Au deuxième trimestre, les investissements des entreprises ont permis de stimuler la croissance au moment où la consommation des américains et les dépenses publiques stagnaient. Pas de déblocage en vue La lenteur de la reprise économique aggrave par ailleurs les prévisions de recettes fiscales du gouvernement américain, au moment où les républicains et les démocrates n'arrivent toujours pas à s'entendre sur la réduction du déficit et le plafond de la dette. Washington risque de se retrouver en défaut de paiement si aucune entente n'intervient d'ici mardi prochain. L'incertitude reste donc entière quant à la possibilité ou non de trouver un accord acceptable par tous. En l'état actuel des débats, il existe donc trois scénarios pour l'avenir économique des Etats-Unis dès le 3 août. 1. Le scénario noir : absence d'accord Si les élus de Washington n'arrivent pas à s'entendre avant le 2 août, date butoir fixée par le ministère du Budget, les etats-Unis ne pourront plus emprunter sur les marchés pour financer leur dette. Or, ils doivent rembourser 30 milliards de dollars à leurs investisseurs dès le 4 août, puis 27 milliards de dollars le 11, et enfin 25 milliards de dollars le 15 août. Sans avoir un sou en caisse, ou presque: seules les recettes fiscales pourront être ponctionnées, ou encore le produit des économies qui pourraient être réalisées en fermant les administrations fédérales. Cela suffira-t-il? 2. Le scénario gris : un accord à minima Imaginons que démocrates et républicains trouvent un compromis avant le 2 août, juste de quoi relever à minima le plafond de la dette. Cela ne suffirait pas aux agences de notation. "Si vous n'obtenez qu'un mini-accord, les etats-Unis seront dégradés" et perdront dans les prochains mois leur prestigieuse note AAA, a menacé John Chambers, responsable de la notation pays chez l'agence Standard & Poor's.Si la note des etats-Unis est effectivement dégradée, la charge de la dette s'alourdirait de 130 milliards de dollars sur dix ans, selon le Bureau du budget du Congrès. 3. Le scénario rose : un accord géant Si tout se passait comme dans le meilleur des mondes, un compromis serait trouvé à la fois pour remonter le plafond de la dette et sur la réduction à long terme des déficits américains, via un plan de rigueur de 4000 milliards de dollars. Dans ce cas, les agences de notation confirmeraient la parfaite solvabilité des etats-Unis, dont la dette resterait labellisée AAA. Les investisseurs, échaudés par la crise en zone euro, se rueraient pour acheter des bons du Trésor, prévoient les analystes d'UBS. Un tel plan de réduction de la dette coûterait toutefois très cher à l'économie américaine. Deux plans s'opposent D'un côté, le plan républicain prévoit une réduction du déficit d'environ 900 milliards de dollars sur dix ans. Il propose un relèvement à court terme du plafond de la dette, avant une nouvelle décision au printemps 2012, en pleine année électorale. D'autre part, le projet démocrate fixe la baisse du déficit à 2200 milliards de dollars sur dix ans. Et, table sur un relèvement de la dette jusqu'en 2013. Même si le plan des républicains est adopté par la Chambre, c'est le Sénat, contrôlé par les démocrates, qui aura le dernier mot. Le président Obama a aussi menacé d'opposer son veto au projet républicain. La phase de dramatisation s'amplifie à l'approche de la date butoir du deux août. Si aucun accord n'est trouvé, la première économie mondiale perdra sa capacité d'emprunt. Ce qui risque de provoquer un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques. Lagarde appelle à débloquer le plafond La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a dit espérer moins d'affrontement politique et plus de logique économique dans les débats budgétaires aux Etats-Unis. "Il faut que ce soit un mélange de faisabilité politique mais fondée sur une logique économique solide. Et aujourd'hui, la logique économique veut de débloquer le plafond de la dette et de s'assurer que dans le moyen terme les Etats-Unis, comme beaucoup d'autres pays, règlent les questions de rééquilibrage du budget qui doivent l'être", a expliqué la dirigeante du FMI.