Un petit, tout petit ouf de soulagement en attendant la suite. Toujours en vacances au cap Nègre, Nicolas Sarkozy a suivi presque en temps réel, hier, l'évolution des marchés. " La mobilisation européenne et internationale des dernières heures a permis d'éviter le pire ", soupire-t-on à l'Elysée, tout en se montrant extrêmement prudent. Le chef de l'Etat n'a toujours pas l'intention de regagner Paris, " cela ne sert à rien d'en rajouter ", dit-on dans son entourage, mais il a demandé à François Baroin, et Valérie Pécresse, de rester mobilisés et de répondre aux sollicitations des médias. Même si elle ne constitue pas une surprise au plus haut sommet de l'Etat, la perte par les Etats-Unis de la note triple A est considérée comme un vrai tournant. Pour Sarkozy, il n'est pas question que la France subisse le même sort alors que le krach boursier menace. " On sait pertinemment qu'il est plus dur de récupérer la note AAA que de la conserver, argumente Valérie Pécresse, jointe hier au téléphone. A nous de donner les signes que notre gestion est rigoureuse, que les efforts sont faits pour réduire les déficits sans casser la croissance. C'est un chemin étroit mais indispensable. " Et d'ajouter : " Si on doit faire davantage d'efforts dans le prochain budget, on les fera. " LE DEFICIT BUDGETAIRE S'ELEVAIT A 61,3 MILLIARDS D'EUROS Le déficit du budget de l'Etat français s'établit à 61,3 milliards d'euros à fin juin contre 61,7 milliards un an plus tôt, selon les données publiées, hier, par le ministère du Budget. DEGRADATION DES COMPTES SPECIAUX L'évolution d'une année sur l'autre est marquée notamment par une dégradation du solde des comptes spéciaux (avances et opérations financières) de 7,5 milliards d'euros, principalement liée aux décaissements du prêt octroyé à la Grèce, explique le ministère dans un communiqué. Le solde du budget général s'est parallèlement amélioré de 7,8 milliards d'euros. Au 30 juin, les dépenses totales (budget général et prélèvements sur recettes) atteignent 179,1 milliards d'euros, soit 9,9 milliards de moins qu'à la même date l'année dernière. RYTHME DES DEPENSES EN LIGNE AVEC LES ATTENTES "Le rythme des dépenses à fin juin est en ligne avec la prévision", précise le ministère. Les recettes du budget général (nettes des remboursements et dégrèvements) s'établissent à 139,6 milliards d'euros contre 141,7 milliards un an auparavant. Les recettes fiscales augmentent de 1,6 milliards d'une année sur l'autre. Cette hausse a ralenti par rapport à mai, ce que le ministère explique par le report à septembre de l'échéance de l'impôt de solidarité sur la fortune lié à la récente réforme de la fiscalité du patrimoine, ainsi que par la baisse d'une année sur l'autre des autres recettes fiscales nettes. Les recettes non fiscales s'établissent à 6,1 milliards d'euros à fin juin contre 9,7 milliards un an auparavant. Elles incluent entre autres les dividendes versés à l'Etat par plusieurs entreprises dont il est actionnaire, comme EDF (0,9 milliard d'euros) et France Télécom (0,3 milliard). Elles intègrent aussi pour 0,1 milliard d'intérêts des prêts à des banques à des Etats étrangers, dont l'essentiel est constitué par le prêt à la Grèce. "NOUS AVONS CONFIANCE EN L'ECONOMIE AMERICAINE", DIT VALERIE PECRESSE Alors que les marchés financiers sont toujours en débâcle après la perte du triple A des Etats-Unis, la France tente de rassurer... "Nous avons confiance dans le gouvernement américain pour redresser la barre", a déclaré Valérie Pécresse, ministre du Budget française sur RTL. "L'économie américaine garde de très bons fondamentaux", a-t-elle ajouté. Quant à la France, la ministre a rappelé les efforts engagés par le gouvernement pour réduire son déficit. Efforts salués par l'agence de notation Standard & Poor's à l'origine de la dégradation des USA. "Pour conserver notre triple A, nous devons maintenir le cap de réduction des déficits", a-t-elle insisté. "Nous ne dévirons pas d'un iota de cette trajectoire", a-t-elle ajouté, appelant la majorité et l'opposition à voter la règle d'or qui vise à inscrire dans la constitution le retour à l'équilibre budgétaire.