Au mois de juin dernier, la Centrale syndicale UGTA, conviée à la table des consultations sur les réformes politiques initiées par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a présenté un mémorandum portant sur cinq chapitres de propositions :droits sociaux, dialogue social, les secteurs stratégiques, valorisation et promotion de la société civile et la liberté de la presse. En préambule de ces propositions, l'UGTA a tenu à saluer l'initiative du président de la République, d'engager des réformes politiques. " Des réformes qu'il a voulu larges et globales, pour les enfants de l'Algérie, l'Algérie de demain qui sera bâtie sur les principes de justice, d'égalité et d'équité, de renforcement de la démocratie et de la lutte contre les inégalités dans un cadre de sécurité et de stabilité ", lit-on dans ce mémorandum. Il est également souligné que l'UGTA demeure convaincue de la volonté du chef de l'Etat de faire de ces réformes politiques l'ultime étape dans le processus du renouveau national qui a permis de recouvrer la paix, de relancer l'économie nationale, d'améliorer les conditions de vie de la population et de concrétiser la modernisation de l'Etat. Proposition I : Droits sociaux Dans le but d'assurer le lien entre le progrès social et la croissance économique, la garantie des droits sociaux fondamentaux par la Constitution revêt une importance et une signification particulières en donnant au travailleur sa valeur de participation aux richesses qu'il a contribué à créer ainsi que de réaliser pleinement son potentiel humain. Ces droits fondamentaux sont : l'accès sur des bases gratuites à la santé et à l'éducation ; la protection de la liberté syndicale, la pluralité syndicale et du droit de grève ; le droit à la négociation collective ; la consécration de l'emploi comme facteur primordial du progrès social et de la dignité humaine; l'égalité en matière d'emploi, de rémunération et de promotion professionnelle entre l'homme et la femme ; de consacrer une importance conséquente dans la Constitution à la protection sociale durable, permet de remédier aux difficultés sociales, de réduire la pauvreté et de conforter la solidarité , l'élimination effective du travail des enfants, l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, d'accorder toute l'attention à la protection des handicapés ; la promotion du concept du salaire minimum garanti dans la Constitution permettra de renforcer la justice sociale et protéger le travailleur dans son revenu minimum. Proposition II : Dialogue social L'expérience algérienne en matière de dialogue social est devenue une référence au plan international et particulièrement au niveau des l'OIT. Cette expérience a produit une culture de la négociation, du consensus et de la responsabilité. Elle a également généré une dynamique de consolidation du dialogue social à travers le Pacte national économique et social. Pour encourager ce processus et lui donner une assise de confortation de la stabilité sociale et de participation des acteurs socioéconomiques au développement économique et du progrès social, l'UGTA considère que les partenaires sociaux prennent toute leur place dans l'approfondissement du dialogue social. A ce titre, le tripartisme, valeur indispensable dans l'amplification de l'essor du développement en matière économique et sociale de notre pays, doit, pour de fortes raisons et, notamment celles relatives aux objectifs du développement dans ses compartiments, être constitutionnalisé. Proposition III : Les secteurs stratégiques de l'économie nationale Le développement économique est la résultante de trois facteurs hautement déterminants à savoir la paix, la stabilité et la cohésion sociale. Un consensus entre acteurs économiques et partenaires sociaux s'est dégagé sur la nécessité de la réhabilitation du rôle primordial de l'Etat en tant qu'initiateur, planificateur et régulateur de l'activité économique à travers la promotion d'un climat économique favorable, et enfin protecteur de la cohésion sociale en garantissant une croissance économique durable, une résorption du chômage et une amélioration du niveau de vie et du bien-être de la population. Le rôle de l'Etat dans la sphère économique doit s'exprimer par l'exercice de son rôle régalien pour choisir un certain nombre de secteurs d'activités jugés stratégiques à préserver par la mise en place de politiques publiques d'investissements, de politiques de régulation et de politiques de protection, de par leur importance dans l'économie nationale. A ce titre, l'UGTA suggère comme secteurs stratégiques le secteur des hydrocarbures et des mines qui représente la principale source de revenus de l'Etat. Ce secteur, de par sa contribution à la fiscalité, a une position géopolitique pour l'Algérie permettant un positionnement efficient dans le concert des nations ; le secteur de l'énergie électrique, du gaz et de l'eau, ayant des effets sur l'ensemble des autres secteurs d'activités, et également considérés comme produits sociaux ; le foncier agricole, comme vecteur essentiel dans la sécurité alimentaire nationale. Proposition IV : Valorisation et promotion de la société civile La volonté politique du Président de mettre en place une transition démocratique et pacifique constitue un enjeu qui nous concerne toutes et tous. Aujourd'hui, il est plus que stratégique de mettre en place les cadres susceptibles de privilégier la transition démocratique basée sur des valeurs civilisationnelles pacifiques et participatives. A ce titre, la société civile constitue indéniablement un cadre porteur pour le renouveau de l'Algérie dans le respect de la pluralité des opinions et de l'attachement à des valeurs communes. L'implication de la société civile permettra sans doute, à travers un dialogue national, de participer d'une manière active à instaurer des institutions démocratiques et consensuelles aptes à remplir les missions susceptibles de satisfaire les aspirations de la société algérienne. Aussi, valoriser le mouvement associatif générateur de progrès constitue un véritable ancrage de la démocratie. A ce titre, l'UGTA considère que la Constitution doit accorder une attention particulière à la promotion de la société civile. Proposition V : Liberté de la presse L'émancipation et l'épanouissement de la noble mission de la presse et son affranchissement de toutes formes de contraintes doivent être mis en exergue par la Constitution. A ce titre, pour l'UGTA la protection des droits moraux et sociaux des journalistes doivent être prévus dans la loi organique relative à l'information.