Les combattants rebelles ont déferlé, avant-hier soir, sur Tripoli, la capitale libyenne, où des milliers d'habitants sont descendus dans les rues désertées par les forces de Mouammar Kadhafi qui n'ont semblé opposer que peu de résistance aux insurgés. "La situation est très fluide. On peut voir le régime s'effriter et, plus tôt Kadhafi réalisera qu'il ne peut pas gagner cette guerre contre son propre peuple, mieux ce sera", a déclaré tard, avant-hier, une porte-parole de l'Otan. Les insurgés contrôlent désormais tous les quartiers de la capitale à l'exception du complexe de Bab al Aziziah où se trouve la résidence de Mouammar Kadhafi, selon la chaîne de télévision Al Djazira. Des images montrant des milliers de personnes rassemblées dans le centre de la capitale et déchirant des portraits de Kadhafi ont par ailleurs été diffusées sur l'antenne d'Al Arabya. DEUX MESSAGES SONORES DE KADHAFI A Tripoli, les rebelles ont atteint la place Verte dans le centre, où ils ont agité des drapeaux de l'opposition en signe de victoire, selon des images diffusées par la télévision britannique Sky, tôt hier. Des clameurs de joie ont retenti sur cette place du centre de la capitale qui était jusque-là réservée aux rassemblements des partisans du régime. Alors que les forces rebelles progressaient vers le centre de la capitale, Mouammar Kadhafi a une nouvelle fois invité les Libyens à "sauver Tripoli" dans un message sonore diffusé dimanche par la télévision publique. "Il s'agit d'une obligation pour tous les Libyens. C'est une question de vie ou de mort", dit-il dans ce deuxième enregistrement de la journée. "Je crains que si nous n'agissons pas, ils brûlent Tripoli", a indiqué Kadhafi qui règne sans partage depuis 42 ans dans le pays. "Il n'y aura plus d'eau, de nourriture, d'électricité et de liberté." Son porte-parole, Moussa Ibrahim, a mis en garde contre un règlement de comptes des rebelles. "Un massacre va être commis à Tripoli si l'un des deux camps l'emporte parce que les rebelles viennent emplis de haine. Que notre dirigeant parte ou démissionne, il y aura dans tous les cas un massacre. " Le "guide" libyen est prêt à négocier en personne avec le chef de file des rebelles, a précisé Moussa Ibrahim, faisant état de 1.300 morts dans la capitale, avant-hier.
TRANSITION PACIFIQUE ET IMMEDIATE Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a appelé à une transition pacifique et immédiate en Libye et s'est dit prêt, pour y parvenir, à travailler avec les rebelles qui combattent depuis mi-février les forces kadhafistes. "L'Otan est prête à travailler avec le peuple libyen et avec le Conseil national de transition (des rebelles)", indique-t-il dans un communiqué. "(Les rebelles) doivent s'assurer que la transition est pacifique et complète, que le pays reste uni et que l'avenir soit fondé sur la réconciliation et le respect des droits de l'homme. " L'Otan a annoncé, dimanche, qu'elle continuerait à protéger la population civile en Libye. L'aviation de l'Otan mène des raids quasi quotidiens sur la Libye depuis le 31 mars dans le cadre de la résolution 1793 du Conseil de sécurité de l'Onu adoptée le 17 mars qui autorise les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les populations civiles. DEUX FILS DE MOUAMMAR KADHAFI AUX MAINS DES REBELLES Le fils aîné du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Mohammed Kadhafi, s'est rendu aux forces rebelles, a déclaré Adel Dabbechi, coordinateur du Conseil national de transition (CNT), organe politique des insurgés. Il a également confirmé la capture de Saïf al Islam, le plus jeune fils du colonel libyen, qui avait été annoncée un peu plus tôt par le chef de file du CNT. Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo, a lui aussi confirmé à Reuters l'arrestation de Saïf al Islam Kadhafi, à l'encontre duquel il a émis en juin un mandat d'arrêt après l'avoir inculpé de crimes contre l'humanité, en même temps que son père et que le chef des services secrets libyens.