Les forces de Mouammar Kadhafi ont fait tomber hier une pluie de roquettes sur la ville assiégée de Misrata, tuant au moins huit personnes, selon un médecin local. Sept autres personnes, dont des enfants et des personnes âgées, ont été blessées lors des attaques, a-t-il précisé. Les habitants ont rapporté à la chaîne qatarie qu'environ 120 roquettes avaient frappé la ville dans la matinée d'hier. Jeudi, au moins 23 civils, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tués lors de l'intense bombardement par l'armée régulière de la ville côtière, selon les rebelles. Les rebelles n'ont de cesse de réclamer une intensification des frappes de l'Otan contre les forces de Kadhafi dans cette zone. Hier, ils ont continué de guetter le ciel avec l'espoir de distinguer des avions de la coalition internationale. Sur le front Est, les forces gouvernementales libyennes seraient aux portes d'Adjedabia. Selon les opposants au régime de Tripoli, les forces loyales à Mouammar Kadhafi ont tué un rebelle, hier, à un kilomètre de l'entrée ouest de la ville. Deux autres insurgés auraient été blessés. La veille, les opposants armés s'étaient rassemblés à la porte ouest pour préparer une offensive contre le port pétrolier de Brega, plus à l'ouest, mais l'attaque semblait remise à plus tard. Les rebelles avaient repris la ville lundi dernier après de violents combats qui ont fait au moins 50 morts, dont une majorité de pro-Kadhafi. Cependant, la situation restait confuse, hier, l'opposition choisissant la tactique du black-out afin que l'adversaire soit totalement privé d'indications précises sur la puissance de feu des opposants ou sur leur positionnement par rapport à la ligne de front. La veille, à Tripoli, des avions de combat de l'Otan ont opéré des raids et la chaîne de télévision nationale Al Libiya a fait état de victimes. «Tripoli est actuellement la cible de raids aériens. Il y a des victimes civiles», a déclaré un présentateur. Des correspondants de presse ont dit avoir entendu quatre explosions. Des tirs nourris de batteries antiaériennes ont également retenti, avant comme après les explosions. Preuve que les avions de chasse de la coalition ont accru le nombre de leurs sorties en direction de Tripoli. Alors que des explosions, suivies de tirs de défense anti-aérienne étaient entendues, Mouammar Kadhafi a fait une sortie en voiture dans les rues de la ville, filmée par la télévision d'Etat. Nul n'était en mesure de confirmer s'il s'agissait d'une retransmission en direct ou d'un vieil enregistrement qui vaut bien instrument de propagande et moyen de défi lancé aux coalisés. Toujours est-il que lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan à Berlin sur la situation en Libye, M. Rasmussen a dit que l'Otan maintiendrait un rythme opérationnel élevé contre les troupes fidèles au leader libyen Mouammar Kadhafi. Par ailleurs, il a estimé que l'Otan avait suffisamment de moyens militaires pour ses opérations en Libye, mais a besoin plus de précisions dans ses frappes aériennes, parce que les forces de Kadhafi ont changé leur tactique. Selon le secrétaire général de l'Otan, l'alliance occidentale a des ressources nécessaires pour mener à bien les opérations militaires en Libye, mais la situation sur le terrain a changé. Quoi qu'il en soit, l'Otan et ses partenaires ne mettront pas fin à leurs opérations militaires en Libye avant atteindre trois objectifs : la fin des attaques contre les civils, le retrait des forces de Kadhafi, y compris les snipers, les forces paramilitaires, les mercenaires de toutes les régions peuplées qu'ils occupent ou assiègent et l'accès sans entrave de la population à l'aide humanitaire. Après la réunion des membres de l'Otan à Berlin, Barack Obama, David Cameron et Nicolas Sarkozy ont signé une tribune commune, publiée dans quatre quotidiens, dans laquelle ils affirment qu'il est «impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi». Concrètement, comme l'avait précisé plus tôt la secrétaire d'Etat US, Hillary Clinton, les Américains entendent poursuivre leur soutien à la mission de l'Otan jusqu'au départ du colonel Kadhafi, mais cela, sans revenir en première ligne dans l'opération «Protecteur unifié.»