L'euro continuait de reculer, hier, face à la monnaie américaine, restant sous le seuil de 1,42 dollar, alors que les investisseurs s'inquiètent de l'aggravation de la crise des dettes en zone euro et redoutent de voir l'économie américaine plonger en récession. La monnaie unique européenne cotait 1,4147 dollar contre 1,4203 vendredi à la clôture de Wall Street. Il est descendu, hier, matin jusqu'à 1,4113 dollar, son plus bas niveau depuis le 11 août. L'euro reculait également face au yen à 108,67 yens contre 109,10 yens vendredi soir. Le dollar se stabilisait face à la devise nippone à 76,82 yens contre 76,77 vendredi. "Après les horribles chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis publiés vendredi, les investisseurs fuient les monnaies jugées plus risquées" et donc l'euro, pour les devises jugées les plus sûres, tel que le dollar, expliquaient les analystes de Commerzbank. Selon les chiffres officiels, l'économie américaine n'a créé aucun emploi en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes, et le taux de chômage se maintient à un niveau très élevé, à 9,1%. Ces chiffres, qui contribuaient à faire replonger les marchés boursiers européens, hier, matin, ravivaient le spectre d'un retour en récession de la première économie mondiale. L'euro était de surcroît "plombé par la résurgence de la crise des dettes souveraines européennes sur le devant de l'actualité, sur fonds de tensions inquiétantes entre le gouvernement grec et la Troïka" des créanciers du pays, ajoutait Valentin Marinov, analyste de Citi FX. Des représentants de l'Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) ont suspendu vendredi leur mission d'inspection à Athènes, donnant dix jours au gouvernement grec pour faire avancer les réformes structurelles. Pour les experts de Commerzbank, "il n'est absolument pas sûr que la Grèce réussisse à satisfaire les exigences de la Troïka". Cette incertitude était de nature à exacerber les préoccupations des investisseurs sur la robustesse du secteur financier dans la zone euro, alors que la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a répété dans un entretien paru, hier, sa demande d'une recapitalisation des banques européennes. Victimes de ces inquiétudes et d'une plainte aux Etats-Unis contre le secteur bancaire, les titres des établissements bancaires européens évoluaient en forte chute lundi matin. La zone euro devrait continuer à concentrer l'attention des cambistes, avant un vote de la cour constitutionnelle allemande mercredi sur la participation de l'Allemagne au fonds de soutien à la Grèce: un recul électoral du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel dimanche n'était pas pour rassurer les marchés, observait Sue Trinh, de RBC Capital Markets. Les opérateurs surveilleront également attentivement la réunion de politique monétaire de la BCE prévue jeudi. Dans ce contexte, les valeurs refuges par excellence que représentent l'or et le franc suisse continuaient de grimper. Le franc était montée vendredi à 1,1002 franc pour un euro et à 0,7712 franc pour un dollar, des sommets plus vus depuis trois semaines, avant de céder un peu de terrain. Le franc suisse accélérait sa progression face à la monnaie unique européenne à 1,1126 franc pour un euro, comme face au billet vert à 0,7867 franc pour un dollar. La livre britannique reculait légèrement face à l'euro à 87,68 pence, et évoluait en net recul face au billet vert, à 1,6122 dollar. L'once d'or cotait 1901 dollars, contre 1875,25 dollars, remontant au-dessus du seuil des 1900 dollars pour la première fois depuis deux semaines.