La Grèce a annoncé, hier, de nouvelles mesures pour limiter son déficit public et rassurer ses bailleurs de fonds à l'orée d'une semaine cruciale pour l'avenir du pays et de la zone euro, plus enferrée que jamais dans la crise de la dette. Les décisions dévoilées par le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, s'élèvent à environ "2 milliards d'euros" et visent à combler le dérapage des comptes publics, comme l'exigent UE et FMI pour maintenir le pays sous perfusion financière. Elles consisteront principalement en une taxe spéciale sur la propriété immobilière et une réduction du salaire des élus. Ce "nouvel effort national" est indispensable face une "atmosphère" néfaste pour la Grèce à l'étranger, a argumenté le ministre. Il intervient à temps avant plusieurs rendez-vous déterminants. La Commission européenne a salué la taxe immobilière et annoncé que les bailleurs de fonds du pays réunis au sein d'une Troïka -Commission, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international- allaient commencer à effectuer leur retour dans le pays "dans les prochains jours". Ils l'avaient quitté de manière inopinée au début du mois face au manque de progrès de la Grèce dans les réformes promises pour redresser les comptes publics. L'objectif sera cette fois de conclure "vers la fin septembre" un accord sur le versement d'une nouvelle tranche de 8 milliards d'euros de prêts à Athènes, dans le cadre du premier plan de sauvetage de la Grèce de 2010 visant à la sauver de la banqueroute. Sans ce prêt, Athènes serait condamné au défaut de paiement. En parallèle, les ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Union européenne, se réuniront vendredi et samedi en Pologne pour tenter de boucler un deuxième plan d'aide à la Grèce de près de 160 milliards d'euros, promis au pays le 21 juillet. Et une réunion d'urgence du FMI doit se tenir mercredi sur la Grèce. De nombreuses incertitudes subsistent sur ce deuxième plan de sauvetage: la participation attendue du secteur privé n'est pas arrêtée, la Slovaquie renâcle à donner son accord, les Pays-Bas profèrent des menaces et la Finlande insiste pour obtenir des garanties controversées en échange de nouveaux prêts. Des tractations sont menées, sans succès, depuis des semaines sur les modalités de ces garanties, afin d'éviter qu'elles n'enfoncent un peu plus la Grèce. Le Premier ministre grec Georges Papandréou a estimé, hier, que son pays devait se "défendre (...) comme en état de guerre" pour obtenir le bouclage de ce nouveau plan de sauvetage, "malgré la mauvaise volonté" de certains Européens qui traînent des pieds. Le temps presse car les inquiétudes suscitées par la santé économique du pays, qui peine à concrétiser les réformes internes promises, ne cessent de croître. Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler n'a pas exclu une faillite "ordonnée" de la Grèce pour sauver l'euro, dans des propos à paru, hier, dans le quotidien allemand Die Welt. A mesure que l'inquiétude grandit, la discorde s'intensifie en Europe sur les moyens de faire face à la crise de la dette. La tension est montée d'un cran vendredi lorsque le très orthodoxe chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), l'Allemand Jürgen Stark, a démissionné pour marquer son désaccord avec l'aide apportée par l'institut monétaire aux pays fragiles de la zone euro, y compris l'Italie et l'Espagne, sous forme de rachat de leurs emprunts obligataires sur le marché. Cet incident au plus haut niveau de la zone euro a conclu une semaine déjà riche en déclarations fracassantes à l'encontre de la Grèce. Certains pays comme les Pays-Bas n'hésitent plus à demander ouvertement une expulsion des pays trop endettés de l'Union monétaire "en dernier recours".