Les magistrats tunisiens ont appelé, hier, à Sousse, au boycott de la cérémonie d'ouverture de la nouvelle année judiciaire et à consacrer cette date "journée nationale de l'assainissement du secteur judiciaire". Les magistrats membres de l'Association des Magistrats Tunisiens (AMT), réunis en conseil national à Sousse ont affirmé leur refus du mouvement des magistrats publié récemment au Journal Officiel. Ce mouvement, ont-ils soutenu, émane "d'un Conseil supérieur de la magistrature dissous" en raison de la suspension de la Constitution. Ils ont aussi appelé le Premier ministère à lever sa mainmise sur la justice administrative affirmant la nécessité de se concerter avant toute décision relative à la nomination de magistrats. Ils ont affirmé la nécessité d'adopter des critères objectifs lors des prochaines nominations à la cour d'appel de Tunis et au tribunal foncier. L'AMT tiendra son 10e congrès extraordinaire en octobre prochain, sous le slogan: "Sans une magistrature indépendante, la révolution n'est pas achevée". Les patrons de médias dénoncent les mesures "liberticides" de l'INRIC L'Association des directeurs de journaux et le Syndicat tunisien des dirigeants de médias ont fait part de leur "désagrément" en raison de "leur exclusion de l'élaboration du projet du décret-loi relatif à l'organisation du secteur audiovisuel préparé par l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication" (INRIC). Ils ont, également, dénoncé la création, prévue par ce projet, d'une Haute Instance indépendante de la communication audiovisuelle ayant des prérogatives répressives l'autorisant à fermer une radio ou une télévision". Dans une déclaration commune publiée, hier, les deux structures estiment que ce projet constitue une mesure "privative de libertés" qui "enchaîne les entreprises et anéantit les objectifs de la révolution". Ils ont appelé l'INRIC à renoncer à ce projet et à élaborer un nouveau projet auquel participent les différentes parties, exprimant leur entière détermination à défendre leurs droits par tous les moyens prévus par la loi. Ils ont, en outre, appelé à ouvrir le dossier de l'information de manière sérieuse et à examiner ses problèmes, notamment l'emploi, les salaires et les rapports avec le pouvoir. Ils ont appelé les journalistes, à travers leur syndicat, "à coordonner ensemble afin de défendre la profession contre les menaces qui peuvent lui porter atteinte. Ils ont exhorté le gouvernement, les partis et la société civile, à "assumer entièrement leurs responsabilités et à exprimer leurs positions à l'égard de ces projets arbitraires attentatoires à la liberté d'information et à son avenir en Tunisie". L'Association des directeurs de journaux et le Syndicat tunisien des dirigeants de médias ont fait part, également, de leur "profond désagrément de l'atteinte portée à l'image des chefs d'entreprises de presse auprès de l'opinion publique, en raison des déclarations de dénigrement délibéré faites par l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication", considérant cette attitude comment étant préjudiciable aux entreprises de presse et à leurs personnels. plusieurs blessés dans des violences à Kébili dans le sud-ouest Plusieurs personnes ont été blessées, dont un jeune enfant, dans des violences qui opposé des jeunes à la police dans la ville de Kébili, dans le sud-ouest tunisien, a-t-on appris, avant-hier, de sources concordantes. Selon Adel Kacem, chef du district local de la police à Kébili, les violences ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche lorsque des jeunes ont jeté des pierres et des bombes lacrymogènes sur les locaux de la police. Selon ce responsable, ces jeunes ont également attaqué à coup de cocktails Molotov des domiciles appartenant aux agents de l'ordre et agressé un officier de police lui causant des blessures graves à la tête et une fracture du nez. Des habitants parmi lesquels un bébé de quatre mois ont été asphyxiés par les gaz lacrymogènes lancés par les jeunes pourchassés par la police et retranchés dans un quartier résidentiel, selon la même source. La police a effectué une opération de ratissage de la ville et procédé à l'arrestation de cinq personnes, alors que les violences se poursuivaient, avant-hier, ont indiqué les medias. Un habitant a en revanche accusé la police d'avoir fait un usage excessif de la force en tirant massivement des bombes lacrymogènes créant un mouvement de panique et d'avoir ainsi blessé des résidants du quartier Ennazla. Ce témoin, a affirmé que des policiers avaient forcé la porte de son domicile dans la nuit de samedi à dimanche pour arrêter son fils accusé de faire partie du groupe soupçonné de violences anti-policières. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur a indiqué que ces violences intervenaient à la suite d'une campagne sécuritaire lancée samedi en Tunisie à la suite de plaintes contre l'insécurité et la multiplication d'agressions. L'officier blessé devant son domicile à Kébili est le responsable local de cette campagne contestée par une frange de la population, a ajouté M. Hichem Meddeb. Le ministère de l'Intérieur a multiplié la semaine dernière les patrouilles de police dans plusieurs régions et arrêté 184 délinquants recherchés pour vols, braquages et violences. Ces arrestations se font toujours dans des conditions ordinaires car, à chaque fois, des proches ou des amis des prévenus sattaquent aux agents de l'ordre ou aux établissements sécuritaires pour les faire libérer. Tunis vient en tête avec 60 personnes arrêtées contre 41 à Nabeul (nord), onze à Sousse (centre) et cinq à Kasserine (ouest), selon des chiffres de la police.