La France a plaidé, avant-hier, pour la généralisation d'ici mi-2012 de tests de résistance nucléaires à tous les réacteurs du monde et la publication des résultats sous la supervision de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le ministre français de l'Energie, Eric Besson a proposé l'engagement de tests de résistance sur tous les réacteurs existants, avec la généralisation des revues par les pairs et la publication systématique des résultats sous la supervision de l'AIEA dans un discours prononcé lors de la 55e conférence générale de l'agence onusienne, qui s'est ouverte, avant-hier, et doit durer jusqu'à vendredi. Le Conseil des Gouverneurs de l'AIEA avait approuvé la semaine dernière un plan d'action visant à renforcer la sûreté des centrales nucléaires après la catastrophe de Fukushima en mars. Il doit encore être entériné par la conférence générale, qui rassemble 151 pays, pour pouvoir entrer en vigueur. Ce plan, dont les ambitions ont été revues à la baisse sous pression américaine et chinoise notamment, inclut des stress-tests, mais est sans caractère contraignant ni calendrier précis, ce qui fait craindre à des Etats, dont la France, qu'il ne s'enlise. Nous ne pouvons pas attendre la prochaine conférence générale de l'AIEA pour agir en faveur d'une nouvelle gouvernance nucléaire, a déclaré M. Besson. La proposition française de généraliser les évaluations des centrales figure parmi quatre priorités dont Paris souhaite la mise en oeuvre par l'AIEA d'ici la fin du 1er semestre 2012, a expliqué le ministre. Outre les stress-tests, la France est également en faveur de la création de pompiers nucléaires internationaux sous la forme d'une force internationale d'action rapide, ainsi que d'un centre de formation en ce sens et l'établissement de moyens de secours situés hors des centrales. Concernant cette proposition de super pompiers, le directeur général de l'AIEA Yukiya Amano a accepté de réunir les experts sur une base volontaire avant la fin de l'année, a indiqué M. Besson au terme d'un entretien avec le responsable japonais. Paris souhaite également que seuls puissent être exportés des réacteurs dits de troisième génération aux plus hauts standards de sûreté existants, a dit M. Besson, comme les EPR portés par le français Areva ou l'AP1000 de l'américain Westinghouse, un point où il a également eu un soutien explicite de la Russie, selon le ministre. Cette proposition française est une pierre dans le jardin de la Corée du Sud, seul grand fabricant nucléaire à proposer encore des réacteurs de 2e génération et qui a récemment ravi aux Français un juteux contrat aux Emirats. Enfin, la France a souhaité que les pays qui prévoient de se lancer prochainement dans le nucléaire (par exemple la Pologne, l'Afrique du Sud et la Jordanie) fassent la preuve avant le début du chantier et sous des dispositifs internationaux de contrôle qu'ils respectent les critères de sécurité de l'AIEA.