Un mois après le coup de force mené par les combattants du nouveau pouvoir contre Bab el-Aziziya, le QG de l'ex-leader libyen à Tripoli, Mouammar Kadhafi, reste introuvable et sur le terrain l'offensive marque le pas. Avant-hier, l'ex-Premier ministre du colonel Kadhafi, Al-Mahmoudi Al-Baghdadi, arrêté la veille en Tunisie, a été condamné à six mois de prison pour franchissement illégal de la frontière. En revanche, la justice tunisienne a confirmé en appel le non-lieu en faveur du commandant Khouildi Hamidi, un proche de Mouammar Kadhafi qui a longtemps dirigé les renseignements militaires du pays, interpellé le 7 septembre à l'aéroport de Tunis et poursuivi pour entrée illégale en Tunisie. Pendant ce temps, le leader déchu, visé par un mandat d'arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI) et faisant l'objet d'un avis de recherche international, est toujours en fuite. Le 23 août les combattants du nouveau régime avaient pris le contrôle du quartier général de Mouammar Kadhafi, sans trouver trace ni de l'ex-homme fort du régime ni de sa famille. Mais pour les nouvelles autorités libyennes, l'ex-"Guide" est toujours en Libye. Sur le terrain, les forces du nouveau régime marquaient une pause, avant-hier, dans les combats autour de Syrte (370 km à l'est de Tripoli), ainsi qu'à Bani Walid, deux bastions du dirigeant déchu, invoquant la nécessité de se réorganiser au lendemain de leurs succès dans le sud. Cité par la télévision arabe Arraï basée à Damas, le porte-parole du pouvoir déchu Moussa Ibrahim, en fuite, a de nouveau appelé à la résistance contre "les agents et les traîtres" en faisant état de "victoires qualitatives" dans plusieurs villes notamment à Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) et Sebha (sud). Il a parlé "d'un génocide" à Syrte commis par l'Otan et ses agents libyens, et dénoncé "l'inaction" de la communauté internationale. De leur côté, les responsables militaires pro-CNT ont indiqué qu'ils attendaient de nouvelles frappes de l'Otan pour affaiblir les positions des forces pro-Kadhafi. Dans son communiqué quotidien, l'Alliance a indiqué, hier, avoir touché la veille un stock de munitions et des baraquements militaires dans les environs de Syrte. Le commandement des forces françaises a indiqué, avant-hier, que la France maintenait son dispositif, notamment d'hélicoptères de combat, déployé au large de la Libye et poursuit ses frappes aériennes contre les derniers bastions des forces pro-Kadhafi. L'Otan a affirmé pouvoir achever sa mission en Libye largement avant l'échéance de son nouveau mandat qui vient d'être prolongé de trois mois. Mais pour le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, l'Europe doit "tirer les leçons" du conflit en Libye afin de déterminer "ce qui a marché et ce qui a moins bien marché". La Libye "n'a pas été franchement une consécration pour le rôle de la politique de défense de l'Europe", a déclaré à la presse M. Longuet, à l'issue d'une réunion en Pologne avec ses homologues européens, en faisant allusion aux profondes divergences sur la participation des Etats à l'opération déclenchée en mars pour venir en aide aux civils victimes du régime de Mouammar Kadhafi. A Bani Walid, près d'une semaine après l'assaut lancé contre cette vaste oasis, autre bastion de Mouammar Kadhafi, la situation était calme, avant-hier. Les combattants imputent leurs difficultés à un manque de coordination et à l'absence d'un commandement unifié pour cette bataille dans le désert. Mercredi, les forces du nouveau régime avaient réussi à prendre le contrôle des villes de Sebha et Waddan. Sebha, fief des Kadhadfa dans le désert, la tribu de Mouammar Kadhafi constituait un important objectif des combattants pro-CNT, de même que l'oasis de Djofra, à 300 km plus au nord-est. Dans un pays aux finances exsangues après plus de sept mois de révolte transformée en guerre civile, la production de pétrole va reprendre dans les très prochains jours en Libye mais il faudra longtemps avant d'atteindre les niveaux précédant la révolte, selon un responsable du CNT.