L'euro se repliait de nouveau, avant-hier, après avoir dégringolé la veille à son plus bas niveau depuis janvier face au dollar et depuis dix ans face au yen, dans un marché nerveux dominé par la prudence face à l'aggravation de la crise de la dette en zone euro. Vers 13H00 GMT (15H00 HEC), l'euro s'échangeait à 1,3457 dollar contre 1,3466 dollar jeudi à 21H00 GMT. La monnaie unique était tombée jeudi en cours de journée jusqu'à 1,3385 dollar, son plus bas niveau depuis le 19 janvier dernier. L'euro reculait également face au yen, à 102,48 yens contre 102,60 yens jeudi soir. Il est tombé à 102,25 yens vers 12H00 GMT, non loin d'un plus bas depuis 10 ans enregistré la veille à 102,22 yens. Le dollar restait stable face à la monnaie japonaise à 76,17 yens contre 76,20 yens la veille au soir. Le franc suisse montait face à l'euro à 1,2192 franc pour un euro, comme face au billet vert à 0,9054 franc pour un dollar. La livre britannique progressait face à l'euro, à 87,34 pence pour un euro, mais baissait légèrement face au billet vert à 1,5430 dollar. L'once d'or a terminé à 1730 dollars au fixing du matin, contre 1722 dollars jeudi soir. La monnaie chinoise a terminé à 6,3883 yuans pour un dollar, contre 6,3878 yuans jeudi. "La sévère détérioration du système financier (européen) a provoqué jeudi sur les marchés des turbulences plus vues depuis le plus gros de la crise de 2008, et toutes les devises, à part le dollar et le yen (considérées comme sûres) ont été fortement touchées", rappelait Stephen Gallo, analyste de Schneider FX. Des commentaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) évoquant, mercredi soir, les "risques importants" menaçant la reprise américaine, avaient ébranlé les marchés, déçus par ailleurs par les mesures dévoilées par l'institution pour tenter de faire baisser les taux longs. "Les investisseurs sont inondés de signaux négatifs, entre la crise des dettes souveraines en Europe, les mauvais chiffres macroéconomiques américains et surtout le sentiment d'impuissance des dirigeants politiques de part et d'autre de l'Atlantique", expliquait Andréa Tuéni, analyste chez Saxo Banque. Les pays du G20 se sont certes engagés jeudi à Washington à soutenir la croissance vacillante et les banques affaiblies, par "une réponse internationale forte et coordonnée". Mais "il s'agissait encore une fois de montrer sa résolution sans mesures concrètes et immédiates" alors que "l'escalade de la crise en zone euro menace la croissance mondiale, et la confiance des investisseurs s'évapore", avertissait Lee Hardman, analyste de Bank of Tokyo-Mitsubishi. L'annonce de nouvelles mesures d'austérité par Athènes ne rassurait guère les opérateurs, alors que l'agence de notation Moody's a abaissé, avant-hier, de deux crans la note des principales banques grecques. La Banque centrale néerlandaise (DNB) a précisé ne pas exclure un scénario de faillite de la Grèce. De son côté, l'Autorité bancaire européenne (EBA) a écarté l'idée d'une recapitalisation accélérée des 16 banques ayant réussi de justesse les tests de résistance européens. "Nous sommes dans une situation mondiale de crise" avec, "devant nous, un risque de crise systémique", c'est-à-dire d'un effondrement de l'ensemble du système économique mondial, a cependant averti en France le président de l'Autorité des marchés financiers (AMF). "Les banques centrales peuvent alimenter les établissements financiers en liquidités, mais cela traite les symptômes sans s'attaquer aux réelles causes", a confirmé Jane Foley, analyste chez Rabobank "Tant que les mesures pour renforcer le Fonds de secours européen n'auront pas été mises en place", l'euro restera sous pression, a-t-elle ajouté.