Axa a initié la vente de sa filiale de capital-investissement, une cession qui suit le désengagement quasiment général des banques et des assurances d'un secteur rendu peu attractif par les prochaines normes prudentielles de Solvency II. Deux sources proches du dossier ont déclaré, avant-hier, que la banque Credit Suisse avait été mandatée pour s'occuper de cette vente qui intervient en pleine tempête financière. "C'est tout nouveau comme processus", a dit l'une de ces personnes, notant que le chiffre d'un milliard de sterling évoqué dans la matinée par la chaîne d'information britannique SkyNews semblait élevé. De nombreux établissements financiers essaient actuellement de renforcer leur bilan afin de rassurer les marchés et de prouver qu'ils sont capables de faire face à la crise de la dette de la zone euro. "Ce n'est pas leur coeur de métier ou un actif stratégique", a commenté un analyste londonien, pour qui il est probable qu'Axa utilise le produit de cette cession pour renforcer son capital plutôt que de procéder à des acquisitions. L'impact de ce désengagement devrait être cependant limité car le capital-investissement n'est pas une activité qui consomme beaucoup de capitaux. Les sociétés de gestion comme Axa Private Equity investissent dans des entreprises non cotées pour quelques années mais ne le font pas avec leurs propres capitaux. Elles investissent pour le compte d'investisseurs institutionnels ou de familles fortunées. Mais même si Axa ne modifie pas profondément son profil financier sur cette transaction, cette vente pourrait l'aider à convaincre ses actionnaires de sa détermination à aller au bout de son recentrage. Même si le devenir de la filiale n'a jamais été considéré comme un enjeu majeur. Reconquête Axa a lancé en juin une opération "reconquête" auprès de ses investisseurs avec la présentation d'un plan stratégique à l'horizon 2015 par lequel il compte redéployer une partie de son capital vers les pays émergents et comprimer ses coûts dans les pays matures. Le titre Axa a perdu 33% depuis le début de l'année, alors que l'indice sectoriel européen limite ses pertes à 27%. Axa n'a pas souhaité faire de commentaire sur le devenir de sa filiale Axa Private Equity qui gère 28 milliards de dollars d'actifs et a été l'une des plus dynamiques de son secteur en France cette année. Elle a notamment racheté en mai en tandem avec Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) et la Caisse des dépôts du Québec le groupe d'ingénierie électrique Spie pour 2,1 milliards d'euros. Axa PE a aussi annoncé en août le rachat à HSH Nordbank de la majeure partie d'un portefeuille de 620 millions d'euros, après avoir déjà bouclé en juin le rachat d'un portefeuille de Citigroup pour 1,7 milliard de dollars (1,17 milliard d'euros) et d'un autre de Barclays pour 740 millions de dollars. Principal moteur de la reprise du M&A en 2011, le capital-investissement montre néanmoins des signes de faiblesse en France. La fermeture du marché du "high yield", ces obligations à haut rendement qui permettent de financer les LBO (montages financiers basés sur des leviers de dette importants) laisse entrevoir une nouvelle période de vaches maigres pour le secteur.