L'armée libanaise bombardait à nouveau samedi les activistes du Fatah al Islam dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al Bared, dans le nord du pays, où les islamistes résistent depuis près de trois semaines. On entendait des tirs sporadiques d'armes lourdes et des obus d'artillerie secouaient le pourtour du camp. Les islamistes, qui s'inspirent d'Al Qaïda, ont juré de se battre jusqu'à la mort. Le camp, qui manque d'eau et de nourriture, a été abandonné par la plupart de ses 40.000 habitants. Au moins 115 personnes, dont 47 soldats et 38 activistes, ont péri depuis le début des combats, ce qui représente les violences intérieures les plus graves enregistrées au Liban depuis la guerre civile de 1975-90. Les derniers efforts entrepris par des médiateurs issus de groupes islamistes libanais pour amener les combattants du Fatah al Islam à se rendre se sont soldés par un échec. Mais selon des sources libanaises, le Front de l'action islamique, qui comprend des responsables politiques et religieux sunnites, et un groupe de religieux palestiniens continuent à rechercher les moyens de régler la crise. Les combats ont débuté le 20 mai dernier, lorsque les activistes ont attaqué des unités militaires déployées autour de Nah al Bared après qu'un de leurs repaires eut été pris d'assaut dans une ville voisine. Le Liban est déjà plongé dans une crise politique depuis sept mois et l'on craint que les combats ne s'étendent. Des accrochages sanglants ont eu lieu cette semaine dans un autre camp de réfugiés et cinq bombes ont explosé dans des zones civiles à Beyrouth et dans ses environs. Le Premier ministre Fouad Siniora a déclaré vendredi à la chaîne de télévision française TV5 que l'armée modérait ses actions pour ne pas mettre en péril les populations civiles. "C'est pour cela que cette bataille dure aussi longtemps, et il convient de noter que ces terroristes sont bien équipés, bien entraînés, et tenaces", a-t-il dit. Le Fatah al Islam s'est officiellement formé à la fin de l'an dernier. Son dirigeant, l'activiste palestinien Chaker al Abssi, dit partager l'idéologie d'Al Qaïda sans avoir de liens directs avec le réseau islamiste international.