Après une légère accalmie, l'armée libanaise a repris ses opérations contre le camp de Nahr el Bared dans le nord du Liban, où est toujours retranché le groupe islamiste palestinien Fatah al Islam. Les combats ont eu lieu désormais maison par maison à l'intérieur du camp. L'armée libanaise a reçu l'approbation de pratiquement toute la palette du mouvement national palestinien. Même le Hamas, au pouvoir à Ramallah, ne voit pas d'un bon œil l'ouverture d'un front au Liban, terre d'asile d'environ un demi-million de Palestiniens. Quant au Fatah du président Abbas, sa collaboration avec l'armée libanaise est d'autant plus acquise que le mouvement historique de la lutte des Palestiniens pour le recouvrement d'un Etat national a dans son collimateur l'islamisme radical qu'il combat ouvertement à Gaza. Depuis vendredi, le camp est soumis à d'intensifs tirs d'artillerie et d'obus, portant à 5 morts et 15 blessés le bilan des pertes libanaises et à plusieurs dizaines de morts et blessés dans les rangs des militants du groupe radical palestinien. Depuis le début des affrontements il y a près de deux semaines, 37 soldats ont été tués, ainsi qu'une vingtaine de civils et une soixantaine de membres du Fatah al Islam. L'armée libanaise a de nouveau appelé le Fatah al Islam à la reddition, exhortant les habitants du camp à ne pas leur offrir de refuge. L'état-major libanais affirme d'autre part avoir détruit des positions depuis lesquelles Fatah al Islam attaquaient soldats et civils, affirmant que ce groupuscule prenait des réfugiés civils palestiniens comme boucliers humains et se cachait dans des mosquées. “Mensonges, mensonges, mensonges”, selon le chef militaire du Fatah al Islam, Abou Houreira. Le représentant des Palestiniens au Liban, Abbas Zaki, s'est voulu rassurant pour les Palestiniens disséminés dans la douzaine de camps installés au Liban en affirmant que l'offensive libanaise ne visait que les activistes du Fath al Islam. Jusqu'ici, l'action des services de sécurité libanais était limitée aux abords des camps qui sont gérés par les Palestiniens, en vertu d'un accord avec les autorités libanaises datant de près de 40 ans. Des milliers de réfugiés ont fui Nahr el Bared, qui comptait environ 31 000 habitants avant les affrontements, mais plusieurs milliers de Palestiniens y sont restés. D. Bouatta