Le numéro un mondial de la sidérurgie, Arcelor Mittal, a confirmé la fermeture de deux hauts-fourneaux dans le bassin sidérurgique de Liège (sud-est), avec à la clé la suppression prévue de 581 emplois directs, selon les syndicats. Deux jours après les premières annonces, la direction du site a réuni cette semaine, dans un climat tendu mais sans trouble, un comité d'entreprise exceptionnel, qui avait été annulé cette reunion la veille en raison de craintes pour la sécurité des directeurs. Elle a présenté les conditions de l'arrêt de la phase à chaud, à savoir deux hauts-fourneaux situés sur les bords de la Meuse à Seraing et Ougrée, dans l'agglomération liégeoise. Cette décision entraînera la suppression de 581 postes sur le site, dont une majorité d'ouvriers, ont indiqué les responsables syndicaux. En ajoutant les emplois indirects, les pouvoirs publics craignent la perte de 1.500 à 2.000 postes de travail dans une région où le chômage est déjà élevé. Des négociations vont désormais débuter entre direction et syndicats dans le cadre de la procédure dite Renault sur les licenciements collectifs, qui avait été mise en place après la fermeture brutale de l'usine du constructeur automobile français à Vilvorde, dans la banlieue de Bruxelles, en 1997. Les syndicats ont prévu de se réunir lundi pour déterminer d'éventuelles actions sociales. Le combat sera long. Il ne faut pas s'essouffler dès maintenant, a expliqué Francis Gomez, responsable de la fédération syndicale FGTB. ArcelorMittal emploie quelque 3 000 personnes à Liège, l'un des berceaux de la sidérurgie européenne, où les usines de la phase à froid (fabrication de tôles pour l'automobile et la construction) ne sont pas concernées par le plan. Leur avenir apparaît cependant très incertain en l'absence de la production des hauts-fourneaux, selon les experts. Les responsables politiques de la Wallonie accusent le groupe dirigé par l'Indien Lakshmi Mittal, numéro un mondial de l'acier, de trahison pour ne pas avoir tenu les promesses, notamment en terme d'investissements, faites lors du rachat du site en 2006. Ils ont appelé ArcelorMittal à vendre le site plutôt que de le fermer, avec l'espoir qu'un repreneur se porte acquéreur, une éventualité jugée faible par les spécialistes. Les sidérurgistes basés en Europe réduisent les capacités de production en raison des incertitudes économiques et de la baisse des prix, liée notamment à la montée en puissance des groupes asiatiques, surtout chinois. Fin septembre, le numéro un mondial de la sidérurgie avait confirmé ses prévisions pour 2011, malgré les incertitudes pesant sur la conjoncture, au prix d'une concentration de sa production sur ses usines les plus compétitives. ArcelorMittal a fait savoir qu'il allait mettre en oeuvre un plan d'optimisation des actifs d'un milliard de dollars d'ici fin 2012 en maximisant la production sur les usines à plus bas coût. Ce plan s'ajoute à un premier programme de réduction de coûts de 1,2 milliard de dollars, et se concentre principalement sur l'Europe, avait indiqué Lakshmi Mittal. En France, le haut-fourneau P6 de l'usine ArcelorMittal à Florange (Moselle), le dernier encore en activité en Lorraine, a été mis à l'arrêt pour une durée indéterminée début octobre. L'activité sidérurgique a connu son essor à Liège en 1817, avant même l'indépendance de la Belgique, lorsque l'industriel anglais John Cockerill y fonde sa première usine. Les problèmes ont commencé au début des années 1980 lors de la crise de la sidérurgie européenne. De fusion en rachat, Cockerill est passé dans les mains du Français Usinor, qui a fusionné en en 2002 avec le Luxembourgeois Arbed et l'Espagnol Aceralia pour former Arcelor. En 2008, l'indien Mittal Steel rachetait le groupe pour créer ArcelorMittal.