Les combattants du leader déchu, Mouammar Kadhafi, ont été poussés dans uan dernier carré à Syrte après de violents combats dans cette ville libyenne dévastée par plus d'un mois de siège. L'un des deux quartiers qui restaient aux mains des pro-Kadhafi a été conquis, avant-hier soir, par les forces du Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi après 42 ans de pouvoir, a déclaré, hier, un commandant de la Brigade de Zenten, Essam Baghhar. "Le quartier Dollar a été libéré et la bataille est lancée pour le quartier N°2", un secteur de moins d'un kilomètre carré où les loyalistes ont été acculés, a dit le commandant Baghhar. "Nous avons capturé de nombreux tireurs embusqués ces deux derniers jours dont des femmes". Selon des sources médicales, au moins 21 combattants du CNT ont été tués et environ 135 blessés, avant-hier, les pro-Kadhafi continuant malgré tout d'opposer une résistance farouche à leurs adversaires dans la ville située à 360 km à l'est de Tripoli et assiégée depuis le 15 septembre. La chute de Syrte, région natale de Mouammar Kadhafi et dernier bastion de l'ex-leader en fuite, permettra au CNT de proclamer la "libération totale" de la Libye et procéder par conséquent à des discussions pour former un gouvernement chargé de gérer la transition jusqu'aux élections générales. Dans cette ville côtière qui comptait jadis 100 000 habitants, pas un bâtiment ne semble être sorti intact de l'impitoyable bataille, livrée à coups de canons, de tirs de roquettes et de fusils d'assaut. Des rues entières sont inondées, les routes défoncées, les vitres brisées. Natif de Syrte, Ibrahim Alazhry fait partie des rares habitants à avoir pris les armes au côté des forces du CNT. Mais il enrage contre le saccage et le pillage de la ville qui sonnent comme une vengeance. "Je sais que les révolutionnaires se heurtent à une forte résistance ici et doivent tirer à l'arme lourde pour tuer les tireurs embusqués. Mais pourquoi entrer dans les maisons, les saccager, les brûler?", s'énerve-t-il, alors que plusieurs habitations réputées appartenir à des proches de Kadhafi ont été incendiées. Sans compter les fréquents vols de voitures et les pillages d'électroménager ou de mobilier, emportés pêle-mêle à bord de pick-up, parfois aux yeux de tous. "Les gens de Syrte comme moi commencent à haïr cette révolution" qui tourne selon lui aux représailles contre les habitants, considérés comme des pro-Kadhafi. A 170 km au sud-est de Tripoli, le drapeau des nouvelles autorités flottait dans les rues désertées de Bani Walid tombé lundi aux mains du CNT, après plus d'un mois de siège. Des forces d'une importante brigade ayant libéré la ville devaient se rendre à Syrte pour prêter main forte à leurs camarades. Bani Walid était avec Syrte, l'un des deux derniers bastions pro-Kadhafi. Dans ce contexte, l'Otan, qui a pris le 31 mars la tête de la coalition internationale en Libye, a indiqué ne pas être encore prête à annoncer la fin de sa mission, les combats persistant dans "une zone très réduite" et "des menaces existant contre la population civile". En visite à Tripoli, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a d'ailleurs promis le soutien de son pays aux nouvelles autorités qui disent craindre que Mouammar Kadhafi ne reprenne le pouvoir grâce aux Touareg du Sud désertique. "La chose la plus importante à faire maintenant est de s'assurer que Kadhafi et son régime ne puissent plus perturber la nouvelle Libye", a-t-elle déclaré lors de cette première visite d'un responsable américain de ce rang en Libye depuis 2008. "Nous espérons qu'il sera capturé ou tué bientôt, ainsi vous n'aurez plus à avoir peur de lui et vous pourrez aller de l'avant". Lancé le 15 février par un mouvement de contestation populaire qui s'est rapidement transformé en guerre civile, le conflit en Libye, un pays riche en pétrole, a fait plus de 25.000 morts et poussé à la fuite des centaines de milliers de personnes notamment des étrangers.