Violence - Après plus d'un mois et demi d'accalmie, la capitale a été secouée, hier, par de nombreux accrochages. Des partisans de l'ex-leader en fuite ont provoqué des affrontements avec les forces du nouveau régime, qui ont fait trois morts, un combattant pro-CNT et deux pro-Kadhafi, et une trentaine de blessés, selon le CNT. Les combats ont éclaté notamment dans le quartier populaire d'Abou Slim, situé à 10 km au sud du centre de la capitale et connu pour abriter des fidèles de Kadhafi. Après les combats, des dizaines d'hommes du CNT ont tiré en l'air au milieu d'un complexe résidentiel composé d'une dizaine d'immeubles, affirmant qu'ils contrôlaient la situation. Un groupe d'entre eux ont arrêté un homme qu'ils ont conduit dans un pick-up. Pas loin, un jeune pro-Kadhafi a lâché «Allah, Mouammar, Libye et c'est tout» à l'approche d'une voiture de journalistes, tandis que plusieurs véhicules transportant des combattants du CNT continuaient à entrer à vive allure dans le quartier. Un combattant du nouveau régime, posté à l'entrée du quartier a affirmé avoir essuyé la veille des tirs provenant d'une voiture roulant à vive allure, en montrant les impacts de balle sur les murs du bâtiment. Selon un porte-parole du CNT, Abdel Rahmane Boussin, des affrontements ont été également signalés dans d'autres quartiers «autour de la capitale». Des habitants ont fait état d'accrochages, notamment à Al-Hay Al-Islami, dans l'ouest de Tripoli. Selon des combattants du CNT, des manifestations pro-Kadhafi avaient commencé après la prière du vendredi, à l'appel d'un animateur pro-Kadhafi qui s'était exprimé sur la chaîne Arraï basée à Syrte, qui défend la cause du régime déchu. Le quartier d'Abou Slim était le dernier à résister après la chute de Tripoli, le 23 août, aux mains du CNT avec la prise du quartier général de Mouammar Kadhafi à Bab al-Aziziya. En outre, les forces du nouveau régime ont bombardé hier à l'artillerie et aux obus le dernier carré des soldats fidèles au dirigeant déchu Mouammar Kadhafi dans leur bastion de Syrte. Après avoir présenté en début de semaine comme imminente la chute de Syrte, région d'origine de Mouammar Kadhafi à 360 km à l'est de Tripoli, les combattants du nouveau pouvoir peinaient à déloger de leurs dernières redoutes les pro-Kadhafi qui opposent une résistance acharnée. Les hommes du CNT sont désormais regroupés au QG de la police à Syrte, où ils s'étaient repliés jeudi après avoir reculé de deux kilomètres devant la violente riposte des pro-Kadhafi. Le CNT attend la chute de cette ville-symbole pour proclamer la «libération totale» du pays et former un gouvernement chargé de gérer la transition. Mais l'amateurisme de ses combattants les empêche d'appliquer une tactique ordonnée face à la poignée de loyalistes. Les nouvelles autorités recherchaient toujours activement Mouammar Kadhafi et ses fils, Mouatassim et Seif al-Islam, dont des combattants affirment qu'ils se trouvent respectivement à Syrte et Bani Walid, un autre bastion pro-Kadhafi, à 170 km au sud-ouest de Tripoli.