Le monde fait face à un avenir terrible sans changement de cap complet face au problème énorme de l'envolée de la demande d'énergie, a averti l'Agence internationale de l'Energie (AIE) au terme de la réunion ministérielle de deux jours. Sans action beaucoup plus forte, la demande mondiale d'énergie va continuer sur sa tendance de hausse à long terme avec les carburants fossiles représentant l'essentiel de la hausse, selon la déclaration rédigée lors de la réunion des ministres à Paris. Selon les prévisions de l'AIE, la demande mondiale d'énergie va bondir de 35% au cours des 25 prochaines années, et cette envolée se fera à 90% hors des pays développés. L'échelle et l'étendue du défi de l'énergie est énorme, a constaté lors d'une conférence de presse le président de la réunion, le ministre australien de l'Energie Martin Ferguson. Dans le domaine des énergies renouvelables, malgré des signes prometteurs, l'évolution actuelle est insuffisante pour atteindre les objectifs de réduction d'émissions, selon l'AIE. Pour éviter le scénario d'un réchauffement climatique de 3,5 degrés celsius si rien ne change, l'AIE se contente essentiellement de recommander plus d'investissements dans les technologies propres, ainsi que dans la capture et le stockage de CO2. L'AIE a averti, que 38.000 milliards de dollars d'investissements, soit plus de 27.000 euros, seraient nécessaires d'ici 2035 pour répondre à la demande d'énergie sans forte envolée des prix. Selon son économiste en chef Fatih Birol, la porte est peut-être déjà en train de se fermer pour limiter le réchauffement à 2 degrés, l'objectif que s'est fixé la communauté internationale. Pétrole, charbon et surtout gaz constitueront encore les moteurs de l'énergie mondiale, selon le bras énergétique de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les énergies fossiles devraient continuer à constituer la majorité de la hausse de la demande en énergie. Le charbon devrait continuer pendant un certain temps à être la source d'énergie avec la plus forte croissance, a souligné M. Ferguson. Quant au gaz, il est en passe d'entrer dans un âge d'or, selon l'AIE, du fait de la hausse attendue de sa production de 50% d'ici 2035 et de ses moindres émissions de CO2 par rapport au pétrole et surtout au charbon. Concernant le nucléaire, les ministres concluent qu'il a un rôle à jouer et que son déclin augmenterait probablement la dépendance au charbon et au gaz. La réunion de Paris rassemblait ministres et délégués des 28 Etats-membres de l'AIE, parmi lesquels figurent les Etats-Unis, le Japon et la plupart des pays d'Europe de l'Ouest, ainsi que 9 pays partenaires, dont les grands pays émergents des BRIC: Russie, Inde et Chine et pour la première fois le Brésil. Porte-voix des pays riches consommateurs de pétrole, l'AIE a de nouveau appelé l'Organisation des pays exportateurs de Pétrole (OPEP) à maintenir voire augmenter légèrement son niveau de production malgré la morosité économique actuelle.