La sécurité énergétique mondiale à l'horizon 2030 est au centre des préoccupations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui table dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales (World Energy Outlook) sur une croissance de 55% de la demande dans le monde d'ici 2030. Un bond en avant qui aura selon l'AIE (créé en 1974 à l'initiative des Etats-Unis pour défendre les intérêts des grands pays consommateurs) des conséquences sur les approvisionnements et sur l'environnement et qui sera induit par la progression vertigineuse de la Chine et de l'Inde, dont les économies seront de plus en plus voraces en énergie. L'augmentation de la demande dans les vingt prochaines années aura des "conséquences alarmantes" sur l'environnement et la sécurité énergétique, à moins que de nouvelles mesures soient prises pour y remédier avertit l'AIE dans son rapport. Le bond de la demande mondiale proviendra selon l'AIE à 74% des pays en développement, dont 45% pour l'Inde, et la Chine qui au vu de sa spectaculaire croissance économique, deviendra le premier consommateur mondial d'énergie "peu après 2010", souligne l'AIE, devant les Etats-Unis, après être devenu dès cette année le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. L'Inde deviendrait selon l'AIE le troisième émetteur de gaz à effet de serre autour de 2015. Toutefois, la consommation comme les émissions par habitant des deux pays restera très inférieure à celle des pays industrialisés. La Chine et l'Inde, vont voir leur consommation d'énergie progresser de 3% environ par an jusqu'en 2030, contre 1,8% en moyenne mondiale. Et ceci en se basant sur 6% de croissance économique annuelle, sans quoi la consommation augmentera encore plus vite, prévoit l'Agence internationale de l'Energie (AIE) dans son rapport annuel. D'ici à 2030, ces deux pays, dont les ressources ne leur permettent pas de faire face à leurs énormes besoins, seront encore plus dépendants des importations de pétrole et surtout de charbon, leur première source d'énergie. "La Chine et l'Inde ont conscience que leur politique d'acquisitions dans le secteur de l'énergie à l'étranger, notamment en Afrique, ne suffira pas à répondre à leurs besoins croissants", remarque l'AIE. En Chine en particulier, la demande d'énergie devrait bondir de 5,1% par an jusqu'en 2015, en raison du développement industriel, avant de ralentir ensuite. Le parc automobile devrait être multiplié par sept pour atteindre 270 millions de véhicules, et les ventes de véhicules neufs en Chine devraient dépasser celles des Etats-Unis vers 2015. La Chine a exprimé pour sa part son désaccord avec le rapport de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) s'alarmant d'une hausse de la demande énergétique mondiale d'ici à 2030 et qui serait selon l'Agence tirée par la Chine et l'Inde. "Le rapport fait des suppositions et établit des scénarios qui ne sont pas tout à fait satisfaisants", a déclaré le vice-président du Bureau des ressources énergétiques de la Commission nationale pour la réforme et le développement (CNRD), M. Wang Siqiang. "J'espère qu'à l'avenir, l'AIE pourra continuer à faire un travail sérieux, mais que ses suppositions et scénarios seront un meilleur reflet de la réalité", a-t-il dit devant des journalistes, en marge de la publication à Pékin de la version chinoise du rapport. Le responsable chinois n'a pas souhaité indiquer précisément les points litigieux, se contentant d'incriminer des hypothèses "subjectives" et incertaines. Présent à Pékin, le directeur exécutif de l'AIE, M. Nobuo Tanaka, a souligné que l'objectif de son institution avec ce rapport, était de pousser les efforts en faveur des économies d'énergie afin d'éviter des conséquences graves pour l'environnement et des pénuries. "Nous n'avons pas beaucoup de temps. Il faut prendre actions et décisions maintenant et les mettre en vigueur maintenant, la ressource qui va manquer à la planète n'est pas la ressource naturelle, ni l'argent, mais le temps", a-t-il affirmé. L'AIE prévoit dans son rapport que la demande de pétrole, restera de loin la première source d'énergie dans le monde d'ici un quart de siècle, et devrait atteindre 116 millions de barils par jour contre 84 millions de barils par jour en 2006, et que la part de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) passera de 42 % à 52 %. Alors que le prix du baril frôle les 100 dollars, l'AIE ne table que sur un prix du pétrole à 108 dollars nominaux en 2030, soit 62 dollars d'aujourd'hui si l'on soustrait l'inflation. Cette hypothèse se base sur une augmentation des capacités de production dans le monde. Mais sans les investissements nécessaires, évalués à 22.000 milliards de dollars d'ici là par l'AIE, une crise énergétique accompagnée d'une envolée des prix est possible, d'après le rapport.