Jusqu'au 31 octobre prochain, l'Institut Cervantès d'Alger abrite dans le sillage de ses activités artistiques une exposition collective qui se décline toute en bande dessinée. Ce rendez-vous plastique qui s'intitule Comic 10 regroupe pas moins de 33 illustrations signées par 27 dessinateurs, dont Marta Romero, David Rubin, José Lopez et Alejandro Romero, Alvaro Ortiz, Gustavo Rico, Claudia Ferrera... Celle-ci était d'ailleurs visible lors du dernier Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIDBA), le rendez-vous qui s'est déroulé sous le slogan très ouvert de "Alger, bulles sans frontières ". Très attendue, cette rencontre s'était tenue du 5 au 08 octobre dernier à l'Esplanade de Riad El Feth. "L'exposition collective vise à représenter un recueil des principaux travaux créés par les jeunes dessinateurs et illustrateurs, lauréats des dix dernières éditions des prix Comic Injuve" a déclaré Raquel Romero Guillemas, directrice de l'Institut Cervantès d'Alger, nouvellement installée. Celle-ci ajoutera que au cours "de cette dernière décennie, l'importance et la reconnaissance de cette manifestation artistique en Espagne ont connu un important élan ". Ceux qui se rendront à l'institut Cervantès peuvent admirer une kyrielle d'œuvres élaborées dans une approche aussi différente l'une que l'autre. Certains artistes ont choisi pour s'exprimer de relater les scènes de la vie quotidienne, d'autres vilipendé certains faits et gestes sociaux et d'autres encore , ont choisi de l'humour comme arme contre les systèmes liberticides. Le trait impeccablement parlant, des personnages étranges engouffrés dans des bulles ; racontent une tranche de vie qui n'est pas souvent riante mais dont l'expression fait rire. Le clair obscur est la couleur dominante de cette expo très expressive d'autant que le choix de ces nuances donne une véritable éthique à chaque œuvre. Il faut dire que la bande dessinée que l'on classe comme étant le neuvième art, gagne de plus en plus d'espace en Algérie, et la preuve; c'est que chaque année un festival international qui regroupe professionnels et jeunes talents lui est consacré. Longtemps considérée comme un art subalterne, la BD est un vrai langage qui permet de raconter des histoires au moyen d'un enchaînement signifiant de dessins. Selon Will Eisner, "actuellement, la bande dessinée constitue la principale application de l'art séquentiel au support papier ". Il est commun de distinguer " la " bande dessinée et " les " bandes dessinées. Cette distinction est mise en lumière par Francis Lacassin : " La " bande dessinée est le concept, c'est-à-dire l'Art - le 9e - et la technique permettant la réalisation de cet art. " Les " bandes dessinées sont les medias par lesquels est véhiculé cet art.” Cela implique de donner une double définition, celle de la bande dessinée et celle du médium bande dessinée. Puisque la bande dessinée est un art, il existe deux grandes perceptions de cet art. La première perception considère la bande dessinée comme un art mineur, la bande dessinée est de l'art. L'autre perception fait de la bande dessinée un art à part entière. Si la bande dessinée est de l'art, il faut alors que cet art se rattache à toutes les formes picturales qui l'ont précédé. C'est la position de Scott McCloud. Cette façon de percevoir la bande dessinée oblige à la replacer dans le grand courant artistique et culturel qui commence avec les premiers dessins, ceux de l'art pariétal, comme à la grotte de Lascaux, même si aujourd'hui un tel rapprochement est artificiel. A priori, les spécialistes s'accordent sur le fait qu'il ne s'agit pas de suites de dessins. De plus, la qualité narrative de ces peintures reste à prouver, de nombreux archéologues, comme le professeur Norbert Aujoulat, penchent pour une interprétation chamanique (les dessins auraient une fonction magique). Il faut donc aller à l'Institut Cervantès pour rencontrer en encre et en papier cette " magie ".