Le gazoduc Nord Stream, nouvelle autoroute maritime du gaz entre la Russie et l'Europe via la Baltique, a connu, hier, en Allemagne, une inauguration solennelle, à la mesure de son importance stratégique. Cette nouvelle infrastructure permettra d'acheminer directement le gaz russe vers l'Europe par voie maritime. Nord Stream doit permettre d'échapper aux litiges à répétition ces dernières années entre Moscou et l'Ukraine, par où transitait jusqu'ici l'essentiel des importations européennes de gaz russe. "L'inauguration est un événement majeur et important dans le renforcement de la relation entre la Russie et l'Allemagne et entre la Russie et l'Europe", a déclaré M. Medvedev lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand, Christian Wulff. "C'est aussi un pas vers la sécurisation de l'approvisionnement de l'énergie de l'Europe", a-t-il dit. Les deux dirigeants devaient ensuite se rendre à Lubmin, à 250 km au nord de Berlin où a été inauguré le gazoduc, avec la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre français, François Fillon. Pour GDF Suez " Nord Stream " est un élément de la stratégie gazière La participation au projet Nord Stream, inauguré en grande pompe, hier, est pour le groupe français GDF Suez qui y participe un élément de la stratégie gazière internationale en Europe et dans le reste du monde, a déclaré son patron Gérard Mestrallet. Pour nous, c'est important d'y participer, GDF Suez aime participer à ce genre de grands projets, a dit M. Mestrallet à Berlin, quelques heures avant l'ouverture à Lubmin (nord de l'Allemagne) de la première vanne de ce gazoduc géant qui amènera en Europe le gaz russe. GDF Suez a investi un peu moins de 240 millions d'euros dans le projet, auquel participent également le gazier russe Gazprom, les allemands EON et BASF et le néerlandais Gasunie. Le groupe français a rejoint le projet sur le tard: ils sont venus nous voir parce qu'ils voulaient européaniser le projet, raconte M. Mestrallet. Il s'inscrit néanmoins selon lui dans la droite ligne de ses autres investissements récents à l'international, par exemple l'achat de capacités de stockage de gaz en Allemagne. A compter de 2016, Nord Stream fournira 2,5 milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz russe par an au français, qui en achète au total 110 milliards de mètres cubes chaque année. La part de la Russie dans l'approvisionnement de GDF Suez, de 15%, ne devrait pas s'en trouver outre mesure modifiée, a précisé M. Mestrallet. Outre un nouveau moyen d'acheminement pour son gaz, Nord Stream est une bonne affaire pour GDF Suez. Il n'y a pas de risque de marché, il y a un seul client, un tarif commun, une garantie pour 20 ans. Gazprom loue les capacités de toute façon, qu'il les utilise ou pas, a expliqué M. Mestrallet.