Les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont accentué leur rebond cette semaine, menés par le cuivre qui est monté pour la première fois au dessus du seuil de 9000$ la tonne, stimulé par des tensions sur l'offre et des achats spéculatifs. Les prix des métaux ont été portés cette semaine par des nouvelles encourageantes sur les perspectives de la demande mondiale, et principalement chinoise, ont relevé des analystes. "Des indicateurs chinois (dont une progression de l'activité manufacturière et une accélération de la hausse des ventes de voitures, ndlr) ont encouragé des achats (de métaux) et montré aux marchés que le poids lourd qu'est l'économie chinoise va toujours plus avant", a commenté Ed Meir, analyste chez MF Global. De plus, les chiffres des importations de métaux par la Chine ont montré une forte poussée de la demande chinoise, en cuivre notamment. "Du fait d'investissements de grande échelle dans les infrastructures, la Chine devrait continuer à importer des quantités élevées de cuivre et ainsi soutenir les prix", ont expliqué les analystes de Commerzbank. Cependant, les investisseurs terminaient la semaine sur une note prudente, alors que la Chine pourrait annoncer, au cours du week-end, un nouveau relèvement de ses taux directeurs, afin d'éviter une surchauffe de son économie. Une telle décision pourrait peser sur la demande chinoise et ainsi entraîner un retournement de la tendance sur les métaux, a prévenu William Adams, analyste chez Fast Markets, alors que de par le monde sont mises en place des nouvelles mesures d'austérité. Dans ce cas, "il faudrait beaucoup plus d'investissements spéculatifs (...) pour soutenir le cours", a ajouté l'analyste. Baromètre du marché, le CUIVRE a volé de record en record cette semaine, dans un marché stimulé par les tensions sur l'offre et intrigué par la position dominante d'un acteur unique sur le LME. Le prix d'une tonne de cuivre pour livraison dans trois mois a franchi pour la toute première fois la barre des 9000$ lundi avant de monter jeudi jusqu'à 9091$ la tonne, un niveau historique qui pulvérise son précédent record à 8966$ enregistré le 11 novembre. Le cuivre a profité d'un regain de faiblesse de la monnaie américaine, qui rendait plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, d'après le dernier rapport, paru fin novembre, du Groupe international d'étude du cuivre (ICSG), le déficit cumulé du marché mondial du cuivre raffiné a atteint 363 000 tonnes sur les huit premiers mois de 2010 (121 000 tonnes en données corrigées des variations saisonnières). Les tensions sur le marché du cuivre sont fortement exacerbées depuis deux semaines par la domination d'un acteur du marché, détenant à lui seul cette semaine plus de 50% des stocks de métal rouge entreposé au LME, selon les statistiques de la Bourse londonienne des métaux. Du côté des métaux précieux, ces derniers ont fini la semaine en légère baisse, les investisseurs s'assurant quelques bénéfices après les nouveaux sommets atteints par l'or et l'argent mardi. Le prix de l'or a grimpé mardi à un nouveau record historique de 1431,25 dollars l'once, franchissant pour la première fois la barre des 1430 dollars, profitant d'un regain de prudence des investisseurs et d'un léger affaiblissement du billet vert. Un billet vert plus faible rend en effet plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme le métal jaune, pour les investisseurs munis d'autres devises. L'or a continué d'être porté par son statut de valeur refuge contre la volatilité des marchés, notamment de devises, attirant des investisseurs toujours inquiets des risques de contagion de la crise de la dette à d'autres pays de la zone euro. Cette crise a déjà poussé la Grèce et l'Irlande à demander une aide extérieure pour tenter de rétablir leurs finances publiques, un sort qui pourrait selon certains observateurs attendre d'autres pays fragiles de la zone euro, comme le Portugal, l'Espagne et l'Italie. "L'or devrait continuer à être bien soutenu à ses niveaux actuels, tant que les dettes des pays périphériques de la zone euro restent en ébullition et continuent d'accroître l'attrait de l'or comme valeur refuge", ont observé les analystes de Commerzbank. Et "de nouveaux records pourraient être en réserve alors que les banques centrales du monde industrialisé gardent leurs taux d'intérêt à des niveaux très bas et que les banques centrales des pays émergents continuent de se tourner vers l'or pour diversifier leurs actifs", a abondé Adam Sieminski, analyste chez Deutsche Bank. Pour M. Sieminski, une bulle spéculative sur l'or ne se formerait qu'à partir de 2000 dollars l'once. Comme à l'accoutumée, les cours de l'argent ont calqué leur progression sur celle du métal jaune, grimpant mardi à un nouveau plus haut depuis mars 1980, avant de se replier et de finir la semaine à l'équilibre. Le métal gris a terminé à 28,79 dollars l'once vendredi contre 28,74 dollars une semaine auparavant. Les métaux platinoïdes sont repartis à la baisse cette semaine, les investisseurs engrangeant quelques bénéfices après leur envolée de la semaine précédente. R.T.M.