L'ambassade d'Italie en Algérie vient de publier deux ouvrages respectivement intitulés, "La contribution de l'Italie à la construction de l'Algérie indépendante " et " Enrico Mattei et l'Algérie, pendant la Guerre de Libération nationale." Ces deux gros livres ont été présentés dimanche dernier à l'ambassade d'Italie lors d'une conférence de presse animée par l'ambassadeur italien, Giampaolo Cantini et son attachée culturel. D'emblée, le patron de l'institution diplomatique expliquera que ses collaborateurs et lui avaient longtemps réfléchis à la manière de célébrer le double événement historique, à savoir le 150ème anniversaire de l'Unité italienne et le cinquantenaire de la Révolution algérienne. "Ces deux ouvrages s'inscrivent dans ce cadre, car à mon sens nous avons un devoir de mémoire à faire. Nous avons une sensibilité et un souci particulier pour la mémoire " dira t-il. Giampaolo Cantini rappellera que l'indépendance de l'Italie remonte à 150 ans, " c'est une période courte sur le plan historique, mais la lutte pour l'Unité de l'Italie a duré 100 ans ! ", confie-t-il encore ajoutant que " cela a entraîné beaucoup de souffrances, beaucoup de morts et beaucoup de sacrifices." Selon le conférencier, il devient alors " évident de garder la mémoire et de conserver les valeurs positives de lutte et c'est cet élan universaliste vers lequel, l'Italie s'est toujours épanché". Giampaolo Cantini considère d'ailleurs qu'il existe une continuation dans le sens de l'Unité européenne, bien que " la construction de l'Italie s'est faite après le choc des affrontement avec des puissances européennes, des pays devenus à présent des amis." Revenant sur le double événement des indépendances, le conférencier reconnaît qu'il y a " beaucoup de différence entre les deux pays mais beaucoup d'analogie aussi." Son attaché culturel insistera sur le fait que cette double célébration historique, " est un événement auquel nous attachons beaucoup d'importance. " Pour elle, la sortie de ces deux ouvrages est une manière " de valoriser les relations bilatérales entre l'Algérie et l'Italie." Ces relations sont d'ailleurs contenues dans les deux ouvrage dont " Enrico Mattie et l'Algérie, pendant la Guerre de Libération nationale " qui se présente comme une compilation d'un riche colloque présenté en décembre de l'an dernier par des universitaires ainsi que des politiques, des anciens du MALG qui ont eu à approcher de très près cet italien qui a défendu mordicus l'indépendance de l'Algérie. Dans cet ouvrage il y a d'abord une série de témoignages d'algériens comme l'actuelle ministre de l'Intérieur, qui ont eu à collaborer avec Enrico Mattei, qui juste après la Seconde Guerre mondiale, a pesé de tout son poids pour créer la puissante ENI, le groupe italien d'énergie, dont il deviendra le patron en 1953. Homme puissant certes, mais politicien sincère et démocrate puisqu'il soutiendra l'indépendance de l'Algérie, en refusant que son puissant groupe ne s'engage, contrairement à la France, dans des opérations de recherche pétrolière en Algérie. Respectant une logique commerciale de "gagnant- gagnant", Mattei qui voulait que son pays affaibli par la guerre se relève via le secteur de l'énergie avait une idée en tête; se tourner vers les pays du Sud, non pas pour pomper leur richesse souterraine, mais pour créer des rapports commerciaux, sans chantage ni hégémonie aucune. En plus clair, Mattei voulait des rapports commerciaux aussi loyaux que respectueux. Pour démontrer sa bonne volonté, il ira jusqu'à proposer un contrat à 75% de bénéfice pour le pays producteur contre 25% pour ENI. Sa vision allait à contresens des multinationales qui le regardaient d'ailleurs avec des yeux tout ronds. Mais cette collaboration qui a trouvé écho auprès des patrons du GPRA, sera stoppée nette en 1962, soit quelques mois après l'indépendance de l'Algérie, année où Mattei décède dans un accident d'avion, dans des circonstances qui suscitèrent bien des interrogations, et amenèrent certaines personnes, à émettre l'hypothèse de son assassinat par la Mafia commanditée par le cartel du pétrole, hypothèse non confirmée par l'enquête officielle. Enumérant les vastes chantiers comme la culture, les arts, le cinéma, les PME PMI, la restauration, la formation professionnelle, qui ont émaillé les relations bilatérales entre l'Italie et l'Algérie, deux conférenciers feront savoir que dans le dernier chapitre, " Au-delà du passé " de l'ouvrage " La contribution de l'Italie à la construction de l'Algérie indépendante", il y a l'idée de développer et de continuer la vieille relations bilatérale dans d'autres secteurs comme celle de l'énergie, énergie solaire tandis que la formation professionnel restera un "élément majeur dans ce processus relationnel " dira l'ambassadeur. En tout cas ces deux ouvrages seront incessamment distribués dans les centres universitaires ainsi que la bibliothèque nationale, et très prochainement, on peut même le feuilleter dans le site de l'ambassade. Les responsables de l'institution donnent par ailleurs rendez-vous demain, au sein de cette institution pour une rencontre-débat autour de ces deux ouvrages. La semaine prochaine, la même ambassade projette d'organiser une rencontre économique avec de nombreux entrepreneurs italiens.