La mémoire collective garde en tête selon l'enseignement de l'Histoire, les croyances culturelles et religieuses, les séquelles propagandistes, que certains pays frères furent d'abord nos voisins, arabe surtout, qui se sont solidarisés avec la cause indépendantiste de l'Algérie sous domination française. Par Yasmine Ben Et bien voilà, il y a eu aussi certains intellectuelles de gauche évoluant en Occident, certains pays de l'Amérique latine, et même des politiciens et hommes forts de l'antique empire romain, aujourd'hui, l'Italie. C'est justement ce fait historique tout à fait humain et heureux que l'ambassade de l'Italie à Alger voudrait faire remonter en surface à l'occasion du double anniversaire du 150e anniversaire de l'Unité italienne et le tout proche cinquantenaire de l'Indépendance algérienne. Pour cette double circonstances à la fois historique et politique, l'ambassade d'Italie organise aujourd'hui à partir de 11h au théâtre de l'ambassade une conférence de presse autour de deux ouvrages que l'institution diplomatique vient de publier, et qui ont pour titre, "Enrico Mattei et l'Algérie pendant la guerre de Libération nationale", (Actes du colloque de décembre 2010) et " La contribution de l'Italie à la construction de l'Algérie indépendante". Ce rendez-vous qui sera organisé en présence de l'ambassadeur d'Italie, Giampaolo Cantini, se présente comme une sorte de concrétisation par l'écriture, d'abord par la publication par l'ambassade d'Italie du colloque de l'an dernier sous un volume qui s'appelle, "Enrico Mattei et l'Algérie pendant la guerre de Libération nationale" (Actes du Colloque qui a eu lieu le 7 décembre 2010, à Alger), ensuite par un rappel nécessaire des longs rapports entre l'Algérie et l'Italie qui remonteraient, - et des vestiges le prouvent - à l'époque des premières traversées en Méditerranée. Mais pourquoi Enrico Mattei ? Il faut d'abord savoir que cet italien a juste après la Seconde Guerre mondiale, pesé de tout son poids pour créer la puissante ENI, le groupe italien d'énergie, dont il deviendra le patron en 1953. Homme puissant certes, mais politicien sincère et démocrate puisqu'il soutiendra mordus l'indépendance de l'Algérie, en refusant que son puissant groupe ne s'engage, contrairement à la France, dans des opérations de recherche pétrolière en Algérie. Respectant une logique commerciale de "gagnant- gagnant", Mattei qui voulait que son pays affaibli par la guerre se relève via le secteur de l'énergie avait une idée en tête; se tourner vers les pays du Sud, non pas pour pomper leur richesse souterraine, mais pour créer des rapports commerciaux, sans chantage ni hégémonie aucune. En plus clair, Mattei voulait des rapports commerciaux aussi loyaux que respectueux. Pour démontrer sa bonne volonté, il ira jusqu'à proposer un contrat à 75% de bénéfice pour le pays producteur contre 25% pour ENI. Sa vision allait à contresens des multinationales qui le regardaient d'ailleurs avec des yeux tout ronds. Mais cette collaboration qui a trouvé écho auprès des patrons du GPRA, sera stoppée nette en 1962, soit à l'indépendance de l'Algérie, année où Mattei décède dans un accident d'avion, dans des circonstances qui suscitèrent bien des interrogations, et amenèrent certaines personnes, à émettre l'hypothèse de son assassinat par la Mafia commanditée par le cartel du pétrole, hypothèse non confirmée par l'enquête officielle. Les deux livres qui sont publiés par l'ambassade d'Italie éclaireront un peu plus, les longues relations diplomatiques entre l'Algérie et l'Italie, et mettront sans doute un peu de lumière sur les rapports compliqués Nord-Sud. A noter que les deux ouvrages en question seront présentés à l'occasion d'une rencontre-débat qui aura lieu mercredi 16 novembre 2011, à 18 heures, au sein du théâtre de l'ambassade d'Italie à Alger.