Le roi Abdallah II de Jordanie est arrivé, hier, en fin de matinée à Ramallah en Cisjordanie pour une rencontre sans précédent avec le président palestinien Mahmoud Abbas. L'hélicoptère du roi Abdallah, dont c'est la première visite dans les Territoires palestiniens sous M. Abbas, en place depuis 2005, s'est posé à l'intérieur du siège de la présidence, où il a été accueilli par le dirigeant palestinien. Il était attendu par de nombreux responsables palestiniens, dont le Premier ministre Salam Fayyad. "La visite du roi et sa rencontre avec le président Abbas à ce moment sont très importantes", a déclaré Nimr Hammad, porte-parole de M. Abbas, peu avant le début de la rencontre. "Ils vont discuter des développements politiques entre nous et la communauté internationale pour parvenir à une vision commune palestino-jordanienne", a-t-il indiqué. Cette visite surprise fait suite à celle du numéro deux du département d'Etat américain, William Burns, reçu, avant-hier soir, par M. Abbas avant de rencontrer lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président palestinien a réaffirmé à l'émissaire américain être prêt à reprendre des pourparlers de paix si Israël arrêtait la colonisation et acceptait les lignes de 1967 comme base de discussions, a indiqué le négociateur palestinien Saëb Erakat. M. Abbas a en outre souligné que la réconciliation palestinienne était un intérêt national supérieur, a ajouté M. Erakat qui a démenti que "M. Burns soit porteur de messages de menaces de l'administration américaine contre la réconciliation palestinienne". Selon le quotidien israélien Maariv, la mission "d'urgence" de M. Burns a été décidée à la suite de l'annonce d'une importante rencontre cette semaine au Caire entre M. Abbas qui dirige le parti Fatah, et le chef du Hamas Khaled Mechaal. "Il n'y a rien de plus normal que Mahmoud Abbas s'entretienne avec le roi Abdallah de Jordanie à Ramallah de la même façon qu'ils se rencontrent périodiquement à Amman. Mais ce qui est plus étonnant, c'est que ce genre de rencontres à Ramallah soit si rare", a déclaré un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat. Le sommet entre MM. Abbas et Mechaal vise à mettre en oeuvre, après un long retard, l'accord conclu le 27 avril entre le Fatah et le Hamas, qui contrôlent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et la bande de Gaza. Cet accord a été paraphé le 3 mai par l'ensemble des mouvements palestiniens. Cet accord -dont les grandes lignes ont déjà été acceptées secrètement au Caire récemment par les deux parties, selon des sources palestiniennes- prévoit la constitution d'un gouvernement intérimaire composé de personnalités indépendantes, chargé d'organiser des élections législatives et présidentielle en mai 2012. La Jordanie et le Hamas entretiennent des relations difficiles depuis 1999, date de l'expulsion par Amman de la direction du mouvement islamiste, dont son actuel chef Khaled Mechaal. Ces relations s'étaient encore détériorées en 2006, la Jordanie ayant accusé le Hamas de trafic d'armes à partir de la Syrie vers son territoire.