Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) est arrivé, hier, à Tripoli pour rencontrer les nouvelles autorités libyennes quelques jours après l'arrestation de Seif al-Islam Kadhafi dans le sud de la Libye. Luis Moreno-Ocampo et le procureur adjoint, Mme Fatou Bensouda, conduisent une délégation qui doit rencontrer des responsables libyens dans le cadre des efforts de coordination déployés à la suite de l'arrestation du fils de Mouammar Kadhafi, et de l'annonce de l'arrestation d'Abdallah Al-Senoussi, laquelle n'a pas encore été confirmée", a indiqué plus tôt le bureau du procureur dans un communiqué. Les autorités libyennes avaient annoncé, dimanche, leur intention de mener elles-mêmes un procès contre les deux hommes alors que la communauté internationale a appelé la Libye à coopérer avec la CPI. "Je m'entretiendrai avec les représentants de ces autorités et demanderai à être informé des procédures nationales qu'ils proposent de mettre en œuvre", a déclaré le procureur Moreno-Ocampo, cité dans le communiqué. Le Premier ministre libyen par intérim Abdel Rahim al-Kib avait promis, samedi, "un procès équitable durant lequel les droits et la loi internationale seront garantis". "Ce sont les juges qui décideront en dernier ressort", a assuré pour sa part le procureur argentin qui souligne: "Il y a des principes juridiques auxquels nul ne saurait déroger", a-t-il soutenu. "Seif al-Islam Kadhafi et Abdallah Al-Senoussi doivent être traduits en justice", a insisté le procureur, assurant que "la question de savoir où les procès devront se tenir doit être tranchée en consultation avec la Cour". Tripoli refuse de coopérer avec la CPI Le ministre libyen de la Justice et des droits de l'Homme, Mohamed Allagui, a affirmé, hier, que les autorités libyennes ne remettraient pas Seif al-Islam, à la Cour pénale internationale (CPI), au moment où le procureur se trouvait à Tripoli. A son arrivée à un hôtel de la capitale en compagnie de M. Allagui, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a affirmé de son côté qu'il n'avait pas l'intention de rencontrer Seif al-Islam, détenu depuis samedi, dans la ville de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli, après son arrestation. A la question de savoir si Seif al-Islam sera remis à la CPI, M. Allagui a déclaré, En un seul mot, nous n'allons pas le remettre. Le jugement de Seif al-Islam est du ressort de la justice libyenne. C'est une question relevant de notre souveraineté sur notre territoire et nos citoyens, a-t-il déclaré à des journalistes. Un commandant ex-rebelle futur ministre de la Défense Le chef du Conseil militaire de Zenten Oussama Jouili sera nommé ministre de la Défense et Ibrahim Debbachi, représentant du Conseil national de transition (CNT) à l'ONU, sera affecté aux Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement libyen, a indiqué, hier, un responsable du CNT. La formation du gouvernement devrait être annoncée en fin de journée à Tripoli, selon ce membre du CNT s'exprimant sous couvert de l'anonymat. La nomination de M. Jouili a-t-elle un rapport avec l'arrestation de Seif al-Islam Le Conseil militaire de Zenten qui détient Seif al-Islam a démenti tout chantage au sujet de Seif Al-Islam en contrepartie de portefeuilles ministériels. "Le Conseil militaire de Zenten dément les informations publiées par des médias, selon lesquelles Zenten utilise Seif al-Islam comme chantage en contrepartie de portefeuilles ministériels", a indiqué le Conseil dans un communiqué. "Seif al-Islam est détenu à Zenten pour des raisons de sécurité, en accord avec le CNT dans la mesure où cette ville est considérée comme la zone la plus sûre de Libye", selon lui. Plusieurs médias ont indiqué ces derniers jours que les combattants de Zenten ont refusé de livrer le fils de Kadhafi aux nouveaux dirigeants du pays. Le nouveau ministre des Affaires étrangères a été ambassadeur adjoint de l'ancien régime libyen à l'ONU, avant de faire défection pour se rallier à la rébellion. Des informations ont par ailleurs circulé sur la nomination de Fawzi Abdelal de la ville de Misrata (à l'est de Tripoli), à la tête du ministère de l'Intérieur. "Nous sommes toujours en discussion pour décider de l'attribution de certains portefeuilles", a ajouté le responsable du CNT. Avant-hier, le Premier ministre libyen Abdel Rahim al-Kib a confirmé à Tripoli que la formation du nouveau gouvernement devait être annoncée, hier. A l'heure actuelle rien n'est encore confirmé.