S'il est une certitude qu'il y a des inégalités économiques induites par la mondialisation entre pays, il y a davantage la crainte (certains disent certitude) que celles-ci soient aggravées au sein même d'un pays, le nôtre pour ce qui nous concerne, et plus particulièrement des conséquences de la crise financière dans le monde. Les implications en sont nombreuses et déjà visibles. Jetons un coup d'œil sur Annaba et Ouargla. L'emploi serait-il un facteur de rupture de la cohésion sociale? De l'union nationale? Du sentiment national au profit du patriotisme régional ? Des interrogations qui s'appuient sur l'immolation d'un jeune à Ouargla. Des émeutes à Annaba pour revendiquer que les emplois de la région aillent aux jeunes de la région. En situation de pénurie en emplois et en logements, il se désagrège la notion même de solidarité entre régions, et parfois même entre communes. On avait bien vu comment à Annaba et à Ouargla, pour ne citer que ces deux villes, les jeunes chômeurs locaux ont réclamé leur part d'emplois dans les entreprises qui y activent. Pas seulement leur part d'emplois, car ils refusent que leur soient priorisés les habitants d'ailleurs, d'autres wilayas. Pour ce qui concerne les logements sociaux et sociaux participatifs, les demandeurs d'une commune ne veulent même pas que ceux des communes voisines bénéficient de logements implantés sur leurs territoires. Déjà qu'avec un baril qui a volé très haut et des réserves en devises qui font de notre pays une puissance financière régionale, les frustrations socioéconomiques des populations se sont traduites par des émeutes sociales, la " haraga ", un phénomène qui n'était même imaginable il y a quelques temps, une criminalité élargie, qu'en serait-il si les cours du pétrole et les réserves en devises empruntaient le chemin inverse pour créer une situation durable? Déjà que les difficultés à répondre positivement et en suffisance à la révolution permanente des demandes d'emplois sont reconnues par tous, encore que la majorité des emplois créés ne sont pas durables et pas rémunérés normalement, l'impossibilité d'améliorer, ou à tout le moins de sauvegarder le niveau du pouvoir d'achat des ménages, est une source d'aggravation des tensions. On imagine assez les dégâts qui seront occasionnés dans la cohésion sociale si la mondialisation se traduit par des niveaux de frustration plus élevés. Cela sera fatalement le cas si le profit est la priorité qui guide les politiques d'implantation des affaires, et se privatisent les secteurs des services tels ceux de la santé. Il a fallu que l'ancien ministre de la Santé qui était intervenu pour dissiper les craintes nées de l'annonce de la création des cliniques cubaines privées dans le domaine de la chirurgie des yeux, intervienne pour dire que les hôpitaux publics ne seront pas privatisés et que nous irons même vers la création de capacités publiques supplémentaires. Ceci revient à rassurer les populations, notamment celles qui ont des revenus insuffisants et qui craindraient d'être obligées de débourser pour se soigner, qu'il n'y aura pas de privatisation du secteur de la santé, c'est-à-dire des hôpitaux et des polycliniques de proximité et qu'il n'y aura pas de prise en charge à deux vitesses en matière de santé. Déjà, les deux vitesses sont visibles au niveau des médicaments génériques et des médicaments qui ne sont pas génériques mais qui seront remboursés, selon ce qui a été lu dans la presse, au tarif des génériques, quand on sait que les populations doutent de la qualité des génériques.