Les travaux du colloque international sur Frantz Fanon se sont clôturés mercredi dernier à la bibliothèque nationale du Hamma qui a rassemblé, durant deux jours (le 60 et le 07 décembre) de nombreux chercheurs autours de la personnalités de l'homme engagé que fut le psychiatre et essayiste, Fanon. Mohamed Taïbi de l'université d'Oran a mis en exergue "le jeu du symbole dans tous les textes de Fanon", cet homme qui avait, a-t-il dit, "la force et la profondeur des mots". Il a rappelé que l'analyse de Fanon des puissances coloniales et leur hégémonie imposée aux autres peuples, a fait de lui un fervent défenseur des causes justes et des droits des opprimés. Frantz Fanon s'opposait aux théories classiques de militantisme de par leurs références idéologiques. Lui qui voyait en le peuple, a-t-il dit, "la seule source de changement". Pour ce qui est des paysans et des ruraux, Fanon rejoignait sur ce point Mohamed Dib et de Kateb Yacine qui rappelait la différence culturelle entre le colonisateur et le peuple colonisé, a poursuivi le conférencier. Fanon qui était contre "le choc des civilisations" et partisan de "la complémentarité des cultures" a évoqué "le concept des Arabes basé sur le concept de la culture nationale". Ainsi il reviendra dans son livre les "Damnés de la terre" sur la reconstruction de l'identité des peuples colonisés et la légitimité d'une nouvelle présence des nations dont l'identité est menacée. Dans son intervention intitulée "Aux côtés des Arabes, l'Algérie de Frantz Fanon", le Pr Saloua Boulbina, enseignante de philosophie à l'université Paris 7 est revenue sur le soutien de Fanon aux Algériens qu'il appelait au début les Arabes. Bien que Frantz-Fanonn ne connût pas très bien l'histoire et la culture des Arabes à son arrivée en Algérie dans les années cinquante, son parti pris et sa position en faveur des Arabes s'expliquent par le traitement inhumain réservé aux algériens souffrant de troubles psychiques internés à l'hôpital de Blida (ex-Joinville), indique-t-elle. L'intervenante a mis en relief les actions de ce psychiatre en faveur des malades qui faisaient l'objet de tous types de maltraitance pratiqués par le colon. Le Pr Saloua Boulbina a, par ailleurs, relevé l'implication de certains médecins français dans l'humiliation et la torture des Algériens. Il est à rappeler que le cinquantenaire de Frantz Fanon, est organisé par le ministère de la Culture, le Cnrpah, l'Aarc, la Bibliothèque nationale et le Centre national des archives. Outre les conférences et les expositions de livres et de documents sur les différentes étapes de la vie de l'écrivain, des projections audiovisuelles dont la présentation d'un film (52minutes) retraçant la vie de Frantz Fanon, a également alimenté ce rendez-vous. Les enfants de Frantz Fanon, Olivier et Mireille, étaient présents au colloque. Né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France (Martinique), Frantz Fanon a été un des plus grands militants de la cause nationale algérienne, il a été inhumé, selon ses souhaits, en terre algérienne où il repose au cimetière des "chouhada" de Aïn Kerma, près de la frontière algéro-tunisienne. Ces ouvrages référentielles, s'appellent "Peau noire, masque blanc"(1952), "L'an V de la révolution algérienne"(1959), "Les damnés de la terre"(1961-paru après sa mort), des œuvres qui continuent à inspirer de nombreux écrivains à travers le monde.