L'Iran souhaite toujours que l'Arabie saoudite et le Koweït réduisent leur surproduction pour tenir compte du retour du pétrole libyen sur le marché, a déclaré, avant-hier, le ministre iranien du Pétrole avant la 160e réunion ministérielle de l'Opep mercredi à Vienne. Aujourd'hui, le marché de l'offre et de la demande est équilibré. L'Iran est opposé à une augmentation de la production des pays de l'Opep et souhaite également que cesse la surproduction de certains pays décidée après la sortie du pétrole libyen du marché, a déclaré Rostam Ghassemi, cité par l'agence Shana du ministère du Pétrole. M. Ghassemi n'a pas cité ces pays, mais il s'agit d'une allusion au Koweït et surtout à l'Arabie saoudite, qui ont augmenté leur production depuis le printemps pour compenser l'arrêt des exportations libyennes consécutive à la guerre civile dans ce pays et éviter ainsi une flambée des cours mondiaux. Téhéran, traditionnellement favorable à un pétrole cher, a réclamé l'arrêt de cette surproduction à plusieurs reprises depuis le redémarrage de la production libyenne en septembre, jusqu'à présent sans grand effet. L'Arabie saoudite, premier producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a pompé en moyenne 9,34 millions de barils/jour au troisième trimestre de l'année, contre 8,13 mb/j en 2010. En octobre, elle pompait encore 9,45 mb/j, bien au-dessus de son quota fixé à 8,05 mb/j, selon les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Elle n'a donc pas ralenti sa production en dépit de la reprise rapide de la production libyenne, qui a dépassé les 600 000 b/j en novembre. La production de la Libye va atteindre l'an prochain 1,5 mb/j, et la production de l'Irak est en augmentation, a fait valoir M. Ghassemi. Nous pensons donc que les pays qui ont augmenté leur production à cause de la crise libyenne doivent revenir à leur production antérieure. L'Opep, dont l'Iran assure actuellement la présidence tournante, devrait reconduire ses quotas lors de la réunion ministérielle de mercredi, estiment les analystes. La production réelle du cartel pétrolier, proche de 30 mb/j en incluant l'Irak qui n'est pas soumis à quota, est toutefois très supérieure à ses quotas (totalisant 24,84 mb/j sans l'Irak, qui est dispensé de quota). Et l'Arabie saoudite, dont les relations avec l'Iran sont très tendues depuis le printemps, a fait savoir qu'elle était prête à augmenter encore sa production pour éviter toute pénurie sur le marché, alors que certains pays de l'Union européenne envisagent un embargo sur l'achat de brut iranien dans le cadre d'un renforcement des sanctions contre le programme nucléaire controversé de Téhéran. M. Ghassemi a affirmé, avant-hier, à la presse qu'il ne croyait pas à un tel embargo, qui selon lui entraînerait une hausse vertigineuse des prix du pétrole et perturberait le marché mondial. Mais même en cas d'embargo européen, l'Iran n'aurait pas de problème pour trouver d'autres acheteurs hors d'Europe pour les quelque 450.000 b/j qu'il exporte actuellement vers l'UE, a ajouté le ministre. La production atteint en novembre son plus haut niveau en trois ans La production des douze membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a atteint en novembre 30,785 millions de barils par jour, son plus haut niveau en trois ans, avec l'Arabie saoudite pompant près de 10 mbj, rapporte la revue spécialisée MEES. Sans compter l'Irak, qui ne fait pas partie du système des quotas, la production s'est élevée à 27,94 mbj en novembre, soit 800 000 mbj de plus qu'en octobre, selon le Middle East Economic Survey paru, hier. Selon la revue, la production saoudienne est passée de 9,5 mbj en octobre à 9,9 mbj en novembre et celle de l'Irak a atteint pour ce mois 2,845 mbj. Les quotas de production de l'Opep, sans l'Irak, sont fixés à 24,84 mbj depuis janvier 2009, mais la plupart des membres dépassent leurs productions. Le Koweït et les Emirats arabes unis ont ainsi produit respectivement en novembre 2,69 mbj et 2,49 mbj contre des quotas individuels de 2,22 mbj. L'Opep se réunit mercredi pour discuter des niveaux de production. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé la production en octobre de l'Opep, sans l'Irak, à 27,32 mbj, soit 2,48 mbj de plus que les quotas. Avec la surproduction et en comptant l'Irak, l'Opep assure 34% de l'approvisionnement du monde en pétrole.