Une grande tendance se dessine d'ores et déjà au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à la veille de sa réunion prévue en décembre prochain à Vienne. Les pays membres semblent bien partis pour maintenir à l'identique les quotas de production, fixés à 24,84 millions de barils par jour depuis le 1er janvier 2009. Selon le ministre iranien du Pétrole, Rostam Ghassemi, qui assure la présidence tournante du cartel pétrolier, l'Iran est favorable au maintien du plafond de production actuel de l'Opep, car le prix du baril est à un «bon niveau». S'exprimant, hier, en marge d'une conférence internationale sur le gaz et le pétrole à Téhéran, le ministre iranien du Pétrole a indiqué : «Téhéran va proposer à ses partenaires de l'Opep de maintenir le plafond de production en tenant compte du retour de la Libye sur le marché.» Et d'ajouter : «L'Iran va mener des consultations avec les principaux pays de l'Opep pour qu'ils reviennent à leur niveau de production passé», faisant allusion à l'Arabie saoudite et au Koweït notamment. Ces deux pays ont augmenté unilatéralement leur production pour compenser l'arrêt des exportations libyennes provoqué par la guerre civile et éviter une envolée des cours mondiaux, au grand dam de Téhéran traditionnellement favorable à des prix élevés. Estimant que les cours actuels du brut sont «adéquats», Farouq al-Zanki, le président de la compagnie d'Etat Kuwait Petroleum Corp. (KPC), considère qu'il n'est pas nécessaire de baisser la production pour les soutenir. «Les stocks ont diminué un peu et cela va renforcer les prix», a-t-il dit aux journalistes en marge d'une conférence organisée par le Middle East Economic Digest. M. Zanki a indiqué que son pays avait augmenté sa production en raison d'une plus grande demande mais souligné qu'il «n'inondait» pas le marché. La veille, le ministre koweïtien du Pétrole, Mohammad al-Bassiri, a indiqué que son pays avait continué en octobre à produire 2,9 millions de barils par jour, un niveau atteint en septembre, alors que son quota Opep est de 2,2 (mbj). Présent à la Conférence internationale sur le gaz et le pétrole à Téhéran, le secrétaire général de l'Opep Abdallah El Badri, a, quant à lui, estimé que le niveau actuel du baril autour de 100 dollars était «satisfaisant pour les producteurs et les consommateurs». Il s'est déclaré «optimiste» quant à un éventuel accord sur un niveau de production satisfaisant, lors de la prochaine réunion de l'Opep. «La situation a changé depuis la dernière réunion de juin lors de laquelle le cartel avait été incapable de s'entendre sur un maintien ou une hausse de son plafond de production», a estimé M. Badri avant de noter que la Libye revient en force sur le marché» depuis septembre et «devrait retrouver son niveau de production normal de 1,5 million de barils/jour d'ici à 15 mois. Du coup, l'écart entre le plafond de production théorique de l'Opep, fixé à 24,84 mbj (sans l'Irak, qui demeure hors quota) depuis janvier 2009, et le niveau de production réel qui a atteint 29,9 mbj avec l'Irak en septembre, est devenu tel que les pays de l'Opep «devront se mettre d'accord en décembre sur un niveau de production que tout le monde devra respecter», a-t-il ajouté. Le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en décembre s'échangeait, hier, à 72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,84 dollar par rapport à la clôture de lundi dernier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 2,36 dollars à 90,83 dollars. B. A.