Les prix du pétrole ont ouvert en hausse, hier, en Asie, le marché s'inquiétant de tensions géopolitiques après la mort du président nord-coréen Kim Jong-Il. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier s'appréciait de 40 cents, à 94,28 USD et le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février gagnait 43 cents à 104,07 USD. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il est mort samedi d'une crise cardiaque. Son plus jeune fils Kim Jong-Un, un homme de moins de 30 ans, a été désigné pour prendre sa succession. Même si ce choix était attendu, le marché observe avec une certaine inquiétude les changements à la tête de ce pays doté de l'arme nucléaire et parmi les plus fermés au monde. "Les investisseurs s'inquiètent des risques d'instabilité géopolitique" après la mort de Kim, observait Ker Chung Yang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. En Corée du Sud, l'armée a été placée en état d'alerte et la surveillance de la frontière ultra-sécurisée avec le Nord a été renforcée. Les tensions géopolitiques ont tendance à pousser les prix du pétrole vers le haut, les investisseurs craignant des conflits de nature à perturber la production et les approvisionnements d'or noir. "Comme prévu, les investisseurs réagissent avec prudence sur le court terme, préoccupés par une possible instabilité politique en Corée du Nord", indiquait une note de Barclays Capital. "L'attention se porte désormais sur la transition du pouvoir et la capacité de la nouvelle administration à se maintenir", selon ses analystes. Le pétrole grimpe en Europe, les inquiétudes sur la Corée du Nord et l'Iran dominent Les cours du pétrole grimpaient hier, en cours d'échanges européens, soutenus par un regain d'inquiétudes géopolitiques après la mort du leader nord-coréen Kim Jong-Il, et avant une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui pourrait renforcer la pression sur l'Iran. À la mi-journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 105,48 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,84 dollar par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier, dont c'était le dernier jour de cotation, gagnait 1,42 dollar à 95,30 dollars. Dans un volume d'échanges toujours très modéré, à l'approche des fêtes de fin d'année, le marché semblait reléguer au second plan les craintes toujours vivaces sur la crise des dettes souveraines dans la zone euro pour se concentrer sur le regain des tensions géopolitiques dans le monde, soulignait Peter Bassett, analyste du courtier Westhouse Securities. Ainsi, la mort du leader nord-coréen Kim Jong-Il (annoncée lundi) a singulièrement attisé les tensions en Asie, les marchés redoutant une possible instabilité politique de ce pays doté de l'arme nucléaire, notait M. Bassett. Par ailleurs, le sommet annuel du CCG, qui réunit six monarchies arabes de la région, se poursuivait mardi pour le deuxième jour à Ryad (Arabie saoudite). Les pays du Golfe pourraient s'entendre pour décider de nouvelles sanctions contre l'Iran, alors que les tensions sont déjà de plus en plus fortes entre les pays occidentaux et Téhéran, expliquait Peter Bassett. La perspective d'un embargo de l'Union européenne (UE) sur le brut iranien avait déjà contribué ces dernières semaines à tirer les prix du baril vers le haut. L'Iran, qui est le deuxième producteur au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et contrôle le stratégique détroit d'Ormuz, par lequel transitent 40% du trafic maritime pétrolier mondial, est particulièrement scruté par les opérateurs. D'autre part, les probabilités de perturbations des approvisionnements pétroliers ailleurs dans le monde se renforcent: ainsi, les travailleurs du secteur pétrolier au Kazakhstan poursuivent leur grève, ce qui accroît les risques d'une diminution des exportations de brut d'Asie centrale, ajoutaient les experts du cabinet viennois JBC Energy. Plusieurs milliers de personnes protestaient lundi dans l'Ouest du Kazakhstan, après la répression d'émeutes ayant fait au moins 15 morts dans la région les trois jours précédents dans cette région pétrolifère. Selon des estimations de l'Opep, le Kazakhstan pompe plus de 1,6 million de barils de brut par jour, ce qui correspond à ce que produisait la Libye avant l'éclatement de la guerre civile dans le pays au printemps dernier. Petite hausse du brut à New York après la mort de Kim Jong-Il Les prix du pétrole ont fini sur une petite hausse la veille à New York, le marché s'inquiétant de tensions géopolitiques après la mort du président nord-coréen Kim Jong-Il. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en janvier a terminé à 93,88 dollars, en hausse de 35 cents par rapport à vendredi. A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance février a pris 29 cents à 103,64 dollars. Les cours de l'or noir, qui avaient chuté d'environ six dollars la semaine dernière sur le marché new-yorkais, ont rebondi malgré une tonalité morose sur les places financières. Wall Street et l'euro évoluaient en baisse au moment de la clôture de la séance à la criée du Nymex, pénalisés par le refus répété de la Banque centrale européenne d'intervenir massivement pour soutenir les pays de la zone euro en difficulté. Mais "les inquiétudes concernant la péninsule coréenne et l'Iran permettent aux cours de se stabiliser", a observé John Kilduff, d'Again Capital. "A part cela, l'actualité est peu chargée et les échanges peu nombreux. C'est une journée relativement calme", a-t-il tempéré. Selon l'analyste, le marché pétrolier se montre d'autant plus sensible aux questions géopolitiques qu'il continue de s'inquiéter des tensions entre les pays occidentaux et l'Iran, un important pays exportateur de brut. L'Union européenne avait indiqué début décembre réfléchir à un possible embargo sur le pétrole de Téhéran, soupçonné de développer un programme nucléaire à visée militaire. Dans une note publiée lundi, les analystes de BofA Merrill Lynch ont avancé qu'en cas d'interruption totale des exportations iraniennes, les cours du baril pourraient s'envoler de 40 dollars. "La guerre civile en Libye a probablement fait monter les prix du pétrole de 20% cette année. Dans ce contexte, il est important de relever que l'Iran exporte à peu près deux fois plus que la Libye avant la guerre", ont-ils expliqué. En plus de ses exportations, la République islamique contrôle le détroit d'Ormuz par où transite 40% du trafic pétrolier mondial.