L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'est pas encore inquiète de la baisse des prix du brut, qui sont tombés sous les 70 dollars le baril, a affirmé, hier, le ministre koweitien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah. "Pas encore", a répondu cheikh Ahmad aux journalistes qui lui demandaient si le cartel était inquiet parce que les prix sont tombés sous les 70 dollars le baril. Le ministre a affirmé que l'OPEP n'envisageait pas pour le moment de tenir une réunion extraordinaire. "Nous allons uniquement appeler à plus de respect" des quotas de production, a encore dit le ministre, dont le pays est le quatrième producteur de l'Opep avec 2,2 millions de barils par jour. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait également affirmé la semaine dernière que le cartel n'envisageait pas de réunion extraordinaire en raison de la chute des prix du pétrole avant sa rencontre ordinaire prévue le 15 octobre. Les prix des contrats à terme sur le pétrole perdaient plus de 3%, hier, dans un contexte de forte baisse des marchés d'actions européens et de l'euro, l'aversion au risque incitant les investisseurs à privilégier les valeurs refuges comme le dollar et les emprunts d'Etat américains. Les cours pétroliers ont pris le chemin de la baisse cette nuit, tandis que les marchés d'actions asiatiques sont passés dans le rouge sur fond de tensions politiques entre Pyongyang et Séoul. A l'ouverture des marchés européens, l'attention s'est portée sur les problèmes du secteur bancaire, et le repli des marchés d'actions et des contrats à terme sur le pétrole s'est encore accentué. A 12h51, le contrat de juillet sur le Brent de l'ICE de Londres perdait 2,27 dollars, à 68,90 dollars le baril. Le contrat West Texas Intermediate pour livraison en juillet coté sur le New York Mercantile Exchange abandonnait parallèlement 2,37 dollars, à 67,84 dollars le baril. Le contrat de juillet sur le Brent s'est d'abord heurté à un support à 69 dollars, et le contrat WTI de juillet en a rencontré un à 68 dollars. Mais une fois ces supports enfoncés, les cours ont fortement chuté. Le Brent de juillet a atteint un point bas en séance à 68,24 dollars le baril, tandis que le WTI est descendu jusqu'à 67,31 dollars. Si le niveau de clôture du WTI confirme l'enfoncement du support de 68 dollars, le contrat visera alors 65 dollars le baril, tandis que le Brent visera le point bas de février à 67,87 dollars, prévoit Olivier Jakob, analyste de Petromatrix. Les craintes de voir la crise grecque se répéter dans d'autres pays de la zone euro sont revenues sur le devant de la scène pendant le week-end lorsque la Banque centrale espagnole a dû procéder au sauvetage samedi de Cajasur, une caisse d'épargne du sud du pays, que contrôlait jusqu'à présent l'Eglise catholique. Aux problèmes budgétaires en Europe s'ajoutait la crise entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. L'armée nord-coréenne a accusé mardi la marine sud-coréenne d'avoir pénétré dans ses eaux territoriales, menaçant le Sud d'une réponse militaire. Selon des transfuges nord-coréens, le numéro un nord-coréen Kim Jong-Il a placé son armée en état d'alerte, alors que Séoul a menacé de "faire payer le prix" à la Corée du Nord, accusée d'avoir coulé un navire de guerre sud-coréen. Ce regain de tensions poussait les investisseurs vers les valeurs refuges, dont la monnaie américaine. La hausse du billet vert rend mécaniquement le brut moins attractif pour les acheteurs munis d'autres devises.