Le marché obligataire européen est resté globalement calme, avant-hier, dans une séance désertée par les investisseurs et marquée toutefois par une tension des taux d'emprunt de l'Italie et d'une baisse de ceux de la France, passés sous 3%. Les volumes d'échanges sont faibles en raison de l'absence de nombreux investisseurs pour cause de congés de fin d'année. A la clôture, le taux à 10 ans de l'Italie se tendait à 6,929% (contre 6,867% jeudi à la clôture). Le pays est le dernier à devoir encore emprunter des obligations sur les marchés d'ici le 31 décembre. Il prévoit de lever mercredi et jeudi prochains 9,25 milliards d'euros au total, sur des échéances allant de deux à dix ans. En revanche, le taux à 10 ans de l'Espagne restait stable à 5,322%, comme la veille. "Le pessimisme du marché est clair et se justifie probablement par la période de fin d'année", estime Peter Chatwell, stratégiste chez Crédit Agricole CIB, dans une note. De grands investisseurs, comme des banques ou des assureurs, préféraient soigner la qualité de leurs portefeuilles en se désengageant de titres moins performants et se tournaient vers les pays jugés les plus solvables.Le taux à 10 ans de la France bénéficiait de cette configuration et repassait sous les 3%. Il reculait à 2,981% (contre 3,061%). En Allemagne, le rendement à 10 ans montait un peu à 1,952% (contre 1,941%). Pour le stratégiste, le marché continuait en outre à faire part de sa déception après l'opération de la Banque centrale européenne (BCE) qui a prêté mercredi à 3 ans 489 milliards d'euros à 523 banques. "Nous pensons qu'il a tort (le marché). C'est une injection d'argent très importante dans le système, qui permet de réduire fortement le besoin de financement des banques à moyen terme", rappelle M. Chatwell. Selon lui, l'autre opération de ce type, prévue en février, pourrait davantage soutenir le marché, puisqu'elle interviendra dans une période plus propice que la fin d'année qui pousse les investisseurs à la prudence. De son côté, concentrée sur son opération de prêt, la BCE a annoncé, avant-hier, n'avoir racheté que pour 19 millions d'euros d'obligations souveraines cette semaine, un montant très faible au regard des semaines précédentes. Pour M. Chatwell, le marché sera dominé à court terme "par la résurgence des tensions sur l'offre de dette des pays périphériques" qui se concentre traditionnellement sur le premier trimestre. Il prévoit notamment autour de 27 milliards d'euros d'émissions de dette en janvier. "Cela devrait nécessiter plus de rachats de dette espagnole et italienne de la part de la BCE, un chiffre de 27 milliards en un mois étant en ligne avec le programme, compte tenu de l'activité passée", selon M. Chatwell. Hors zone euro, le taux du Gilt britannique à 10 ans baissait à 2,035%, contre 2,047% la veille. Outre-Atlantique, les rendements des bons américains à 10 ans montaient à 2,021% contre 1,948%, tout comme ceux à 30 ans à 3,058% contre 2,980%. Les taux à trois mois étaient négatifs, alors qu'ils étaient stables la veille. Sur le marché interbancaire, l'Euribor à trois mois, principal taux en zone euro, baissait à 1,404%, contre 1,410% la veille, tandis que le Libor à trois mois libellé en dollars montait à 0,576% contre 0,574%.