Les banques se sont refinancées à hauteur d'un montant impressionnant de 489 milliards d'euros, hier, au terme de la toute première opération à trois ans lancée par la Banque centrale européenne (BCE).Cette opération alimente l'espoir qu'un tarissement du crédit pourra être évité et que l'argent récolté servira à acheter de la dette italienne et espagnole, une hypothèse qui soulève parfois le scepticisme de certains analystes. Le montant emprunté par 523 banques dépasse largement les 310 milliards d'euros anticipés par les traders interrogés par Reuters dans une enquête publiée quelques heures avant que la BCE n'annonce le résultat de cette opération. L'opération d'apport de liquidités illimité s'est faite à un taux qui sera la moyenne du principal taux de refinancement de la BCE durant les trois années à venir. Ce taux d'intervention est actuellement au plus bas record de 1%, après la réduction annoncée au début du mois par la banque centrale de la zone euro. Pour certaines banques, cela implique que leur refinancement pourrait être inférieur de plus de trois points à ce qui est pratiqué sur le marché. Elles pourront refinancer à trois ans des fonds empruntés il y a peu à la BCE et rembourser après tout juste une année si elles le souhaitent. Les résultats de l'opération ont permis aux marchés boursiers d'accentuer momentanément leurs gains et amené l'euro à un pic d'une semaine contre le dollar.«L'allocation d'aujourd'hui représente près d'une fois et demie le programme d'emprunts combiné de l'Espagne et de l'Italie en 2012», observe Martin Van Vliet, économiste senior d'ING. «Nous doutons toutefois que cet argent serve en grande partie à financer des achats de dette périphérique, au vu des risques de valorisation au prix du marché et des risques éventuels pour la réputation.» «C'est une invitation à acheter de la dette souveraine, surtout pour les banques les plus petites et non cotées qui ne participent pas aux tests de l'ABE (Autorité bancaire européenne», constate Christian Schulz, économiste de Berenberg Bank. «Pour les grandes banques cotées, qui auront un nouveau stress test de l'ABE l'an prochain, la motivation d'acheter de la dette souveraine est moindre parce qu'elles craignent que l'ABE exige plus de fonds propres pour contrepartie des avoirs en dette périphérique, ce qui diluera le capital existant».Outre des conditions très avantageuses, le fait que le secteur bancaire soit plus que jamais dépendant des financements de la BCE explique que la demande ait été aussi forte. La BCE s'inquiétait d'ailleurs de cette dépendance dans son rapport sur la Stabilité financière publié lundi dernier. Les banques françaises ont quasiment quadruplé leurs refinancements auprès de la BCE depuis juin, à 150 milliards d'euros, tandis que les banques italiennes et espagnoles ont pris chacune plus de 100 milliards d'euros. Le président de la BCE n'a eu de cesse d'exhorter les banques à recourir à ce financement ultra long depuis son annonce au début du mois. Il a estimé, lundi dernier, qu'il existait un risque de «credit crunch» et jugé que les pressions sur le marché obligataire de la zone euro pourraient atteindre un niveau sans précédent au début 2012. Les banques s'étaient préparées pour réserver le meilleur accueil à l'opération la plus longue de la BCE. Elles ont refinancé 45,7 milliards d'euros de prêts à un an de la BCE. Elles ont également ramené de 140 milliards d'euros à 30 milliards d'euros leurs refinancements à trois mois et réduit de près de moitié la prise de fonds à une semaine cette semaine.