Le commandant de la Marine iranienne a souligné hier qu'il était très facile pour l'Iran de fermer le détroit d'Ormuz, passage obligé de nombreuses exportations pétrolières, que Téhéran avait menacé la veille de fermer en cas de sanctions contre le pétrole iranien. "Fermer le détroit est très facile pour les forces armées iraniennes, c'est comme boire un verre d'eau, comme on dit en persan", a déclaré l'amiral Habibollah Sayyari, tout en estimant qu'une telle mesure n'est pas nécessaire pour l'instant. Des manœuvres navales sont en cours depuis quatre jours dans ce détroit par où transitent entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial. "Tout le monde sait combien le détroit est important et stratégique, et il est complètement sous le contrôle de la République islamique d'Iran", a dit le chef de la marine iranienne à la télévision en langue anglaise Press-TV. "Aujourd'hui nous n'avons pas besoin de fermer le détroit car nous contrôlons la mer d'Oman et nous pouvons contrôler le transit" maritime et pétrolier, a-t-il cependant estimé. La marine iranienne a entamé samedi passé dix jours de manoeuvres militaires navales autour du détroit d'Ormuz, un couloir particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 km environ, et de sa profondeur, qui n'excède pas soixante mètres. Les forces navales ont été déployées à l'est du détroit, dans la mer d'Oman et dans le Golfe d'Aden, ainsi que dans l'océan Indien. Avant-hier, le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, a affirmé que l'Iran fermerait le détroit d'Ormuz au transit de pétrole en cas de sanctions contre les exportations pétrolières iraniennes. "Si on devait adopter des sanctions contre les exportations de pétrole iranien, aucune goutte de pétrole ne transitera par le détroit d'Ormuz", a-t-il prévenu. Outre l'Iran, second producteur de l'Opep, les autres pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, le Koweït, l'Irak, le Qatar et les Emirats arabes unis, exportent une partie de leur pétrole par ce détroit. "Nous n'avons aucune envie d'hostilités ou de violence (...) mais les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place", a-t-il ajouté. Les Etats-Unis et certains pays européens, qui ont déjà adopté des sanctions contre les secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique iraniens, envisagent des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran à cause de son programme nucléaire controversé. Les cours du pétrole étaient en hausse hier en Asie après les menaces proférées mardi par le premier vice-président iranien. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février s'appréciait de 26 cents, à 101,60 USD, par rapport à la clôture d'avant-hier. Le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance prenait 12 cents à 109,39 USD. "Nous surveillons totalement les menaces et les mouvements (des forces américaines) et nous répondrons de la manière la plus forte à toute menace", a déclaré l'amiral Sayyari, cité par la presse iranienne. Les Etats-Unis maintiennent dans le Golfe une présence navale puissante, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn. Au cinquième jour des manœuvres, la marine iranienne a notamment "déployé différents drones" dans l'Océan Indien, a dit l'amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manœuvres, cité par la presse iranienne. Selon les médias iraniens, les forces armées doivent tester de nouveaux armements, notamment des missiles. W.S