L'ONU a annoncé, hier, qu'elle lançait une opération massive d'urgence humanitaire au Soudan du Sud en proie à des violences interethniques ayant affecté quelque 50 000 personnes. Les Nations unies sont en train de lancer une opération massive d'urgence humanitaire, a déclaré aux médias la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs. Ces dernières 72 heures, les experts de l'ONU ont procédé à des évaluations dans l'est du pays, à Pibor, Likuangole, Boma et Walgak. D'autres évaluations sont prévues à Fertait et Bilait. Les besoins sont importants bien sûr, a fait valoir Mme Byrs. On estime actuellement à 50 000 le nombre de personnes affectées par la violence dans cette région, a-t-elle rapporté. Selon le chef de l'administration de la région de Pibor, plus de 3 000 personnes ont été tuées dans des violences interethniques la semaine dernière. Ce bilan (non confirmé par l'ONU) représenterait une des pires tueries de l'histoire de ce jeune Etat fragilisé par les rivalités tribales. L'aide alimentaire est déjà distribuée à Pibor, a signalé la porte-parole d'Ocha, précisant que le flux de déplacés revenant dans cette ville, ainsi que dans celle de Boma, se poursuivait. Pour sa part, la porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Gaëlle Sévenier, a indiqué que l'organisation avait démarré jeudi les distributions de nourriture (des rations d'un mois) pour 2 000 déplacés internes, dont 90% de femmes, à Boma. Le PAM est profondément préoccupé par l'insécurité croissante dans cette région, a-t-elle déclaré. Cela a poussé la situation de sécurité alimentaire a des niveaux de crise, a-t-elle ajouté. Un de nos staffs nous a rapporté qu'il a vu des familles manger de l'herbe, a-t-elle dit, faisant valoir que le Soudan du Sud était un pays très fertile mais très peu cultivé (4%) en raison notamment de l'insécurité. Le PAM craint également la prochaine arrivée des pluies. La moitié du pays va être isolée en mars-avril, a expliqué Mme Sévenier. Autour de 92 millions de dollars (71 millions d'euros) doivent être récoltés d'urgence afin d'éviter une rupture critique de l'arrivée de la nourriture au cours des quatre premiers mois de 2012, a-t-elle souligné.