Les négociations menées par la Grèce avec ses créanciers privés pour un effacement de sa dette butaient, hier, notamment, sur les taux d'intérêt réclamés par les banques et jugés excessifs côté grec, a rapporté, hier, la presse grecque. Selon le quotidien Kathimérini, les négociateurs représentant le secteur privé (banques, assurances, hedge funds...) réclament pour les nouvelles obligations qu'ils recevront en échange de leurs anciens titres des taux d'intérêt autour de 5%, la partie grecque ne consentant, elle, qu'à une rémunération autour de 4%. La question devait figurer à l'ordre du jour d'une rencontre prévue à la mi-journée entre Charles Dallara, patron du lobby bancaire mondial IIF qui pilote les discussions globales côté banques, et le Premier ministre grec et le ministre des Finances, Lucas Papademos et Evangélos Vénizélos. A l'issue de premiers entretiens, avant-hier, l'IIF avait augmenté la pression, affirmant, dans un communiqué rendu public à son siège, à Washington, que le temps commence à être compté pour mener à bien l'opération, censée assurer à terme la solvabilité de la Grèce en ramenant sa dette à 120% du PIB en 2020 contre plus de 160% actuellement. Le message selon les journaux grecs vise aussi le Fonds monétaire international, qui redoute qu'un taux d'intérêt trop élevé maintienne la Grèce dans le cercle vicieux du surendettement. Un haut responsable grec a affiché, avant-hier soir, sous couvert de l'anonymat un optimisme prudent, jugeant que la Grèce pourrait réussir en fin de semaine prochaine à boucler le schéma financier final pour un accord avec le secteur privé. Selon les journaux, les deux parties discutent d'une rémunération qui pourrait augmenter, une fois la Grèce en mesure de revenir sur les marchés pour se refinancer, soit après la fin en 2015 du programme de soutien prévu par la zone euro. L'effacement de 100 milliards de dette détenue par les institutions privées est associé à un nouvelle aide des créanciers institutionnels de quelque 130 milliards d'euros, venant s'ajouter à ceux de 110 milliards consentis en mai 2010 par l'UE et le FMI. La partie grecque examine également, relevait le quotidien économique Naftemboriki, la marche à suivre en cas de participation insuffisante des créanciers privés à l'opération, supposée recueillir l'adhésion volontaire de leur totalité. La Grèce pourrait choisir d'activer un mécanisme de clause d'action collective (CAC), contraignant les créanciers rétifs à suivre le mouvement et qui pourrait, selon la presse, entrainer dans l'opération la Banque centrale européenne, détentrice de quelque 60 milliards d'obligations grecques. Contraire au principe d'une participation volontaire, cette option risquerait toutefois de dresser les marchés contre la zone euro. L'autre option, évoquée, avant-hier, par le ministre adjoint aux Finances Philippos Sahinidis et selon la presse allemande par la dirigeante du FMI Christine Largarde serait un soutien supplémentaire des partenaires européens, via par exemple une rallonge des prêts prévus ou une amélioration de leurs conditions de taux.